Depeche Mode, vous le savez déjà, c’est ma madeleine de Proust, c’est le groupe par lequel je suis arrivée à la musique, celui qui a marqué mon enfance. Il a donc une place toute particulière dans mon coeur. Quand j’entends Never Let Me Down Again, Blasphemous Rumours ou Little 15, je me revois instantanément du haut de mes 8 ans, baladeur cassettes de mon grand-frère sur les oreilles, fredonnant les compositions oniriques et sombres d’un certain Martin L. Gore.
J’en ai déjà parlé longuement à l’occasion de la sortie de leur dernier excellent album, « Delta Machine », album numéro 1 de mon année 2013. Si vous n’avez pas encore lu cet article et ma chronique du disque, vous pouvez vous rattraper ici.
L’une des premières dates françaises annoncée pour le « Delta Machine Tour », bien avant l’annonce des dates parisiennes, fut la date lyonnaise, à la Halle Tony Garnier. Lyon étant une ville où j’ai vécu quelques temps, que j’aime beaucoup et où j’ai gardé des amis chers, je me suis jetée sans attendre sur les places le jour de leur mise en vente… Et comme j’ai bien fait !
Après une première partie sans grande saveur, l’ambiance de la salle se réchauffe et l’envie de voir et d’entendre les rockeurs de Basildon se fait de plus en plus pressante. Les lumières s’éteignent enfin et c’est avec un lancinant et brûlant Welcome To My World que le groupe ouvre le set. Les lettres du titre de la chanson se dessinent une à une, lumineuses, sur le fond noir des écrans géants. Le ton est donné : bienvenue dans l’univers sombre et fascinant de Depeche Mode.
Sur scène, le trio aux guitares et clavier est accompagné de ses habituels musiciens additionnels, au clavier et à la batterie. Leur son est reconnaissable entre tous, si souvent imité mais jamais égalé, unique.
Les morceaux s’enchaînent et les synthés, guitares et rythmes électroniques se marient avec bonheur à la voix grave, puissante et magistrale de Dave Gahan qui, dès les premiers titres, enlève son petit gilet et, torse nu, nous gratifie de son célèbre déhanché.
Mais quand celui-ci quitte la scène pour laisser le micro à Martin L. Gore, mon coeur fait un bond : je sais que le moment émouvant que j’attends à chacun de leurs concerts est arrivé. A la puissance de Dave Gahan succèdent les variations mélodiques et l’interprétation délicate de Martin L. Gore. Slow fait monter en moi une douce chaleur, mais c’est sur But Not Tonight que l’émotion est à son comble et que mes yeux s’emplissent de larmes. Cette face B méconnue du single Stripped paru en 1986, est ici revisitée pour piano et voix seuls, dans une version de toute beauté. On pourrait presque sentir la vague d’émotion qui semble avoir submergé la salle entière à l’écoute de cette chanson, tant elle est palpable. Tout le public en reprend d’ailleurs d’une seule voix les dernières notes pendant de longues minutes, alors que Dave Gahan est déjà de retour sur scène.
Le groupe entame ensuite le très beau morceau Heaven, présent sur Delta Machine. Puis je reconnais les sons symptomatiques qui ouvrent Behind The Wheel et me replongent dans l’enfance et mon album préféré du groupe, « Music For The Masses ». Les souvenirs se suivent jusqu’à l’apothéose finale qui conjugue le culte Enjoy The Silence, et une splendide longue version inédite de Personal Jesus.
Après une pause et une salve de cris et d’applaudissements, ce ne seront pas moins de cinq titres que les anglais joueront en rappel. D’un Shake The Disease en version acoustique brillamment interprété par Martin L. Gore à un fantastique Never Let Me Down Again, en passant par un Just Can’t Get Enough endiablé qui fera danser toute la salle, le public est en transe, et comblé.
Les musiciens se réunissent tous les cinq sur le devant de la scène, s’embrassent puis saluent longuement et chaleureusement leur public. Depeche Mode est un groupe de scène, un vrai comme je les aime, généreux, qui aime le live et qui le montre.
Mon seul et unique regret lorsque le concert s’achève et que les lumières se rallument, est de n’avoir pas acheté de place pour retourner les voir à Paris la semaine suivante… ce sera donc pour l’année prochaine, comme l’annonce Dave Gahan avant de quitter la scène.
Setlist du concert à Lyon, Halle Tony Garnier 23/01/2014 :
- Welcome To My World
- Angel
- Walking In My Shoes
- Precious
- Black Celebration
- Should Be Higher
- Policy Of Truth
- Slow (version acoustique chantée par Martin L. Gore)
- But Not Tonight (version acoustique chantée par Martin L. Gore)
- Heaven
- Behind The Wheel
- A Pain That I’m Used To (Jacques Lu Cont’s Remix version)
- A Question Of Time
- Enjoy The Silence
- Personal Jesus
Encore :
- Shake The Disease (version acoustique chantée par Martin L. Gore)
- Halo (Goldfrapp Remix version)
- Just Can’t Get Enough
- I Feel You
- Never Let Me Down Again
… … …
Quelques morceaux choisis sur le « Delta Machine Tour » :
Never Let Me Down Again, mon titre préféré (live à Madrid) :
But Not Tonight chanté par Martin L. Gore, mon moment émotion préféré (live à Lyon) :
Personal Jesus, ma version live préférée (live à Madrid) :
Just Can’t Get Enough, mon déhanché préféré (live à Madrid) :
Depeche Mode : I LOVE YOU ♥
Totoromoon
Ton article reflète exactement ce que j’ai ressenti ce soir là! À un détail près, j’ai versé toutes les larmes de mon corps sur Halo!
Merci pour tes superbes mots de ce magnifique souvenir!
avec petite Flora on écoute i just can’t enough;;; elle bat la mesure et te fait des bisous tout comme moi ! merci merci !
oh bah c’est chou ça d’éduquer ses enfants dès le plus jeune âge à de la bonne musique et à une belle écriture ! 🙂
« Never Let Me Down Again »… J’étais bien plus âgé que toi à cette époque, mais je me souviens très bien l’avoir fait tourner en boucle sur mon radio cassette Radiola. Bravo pour la chronique, je crois que je vais m’acheter le dernier album.
Excellente ta chronique!! J’ai fait les 2 Paris Bercy fin Janvier et je suis toujours sur mon petit nuage. Ils étaient AU TOP!!! Vivement la prochaine tournée!!
http://rockartfashion.wordpress.com/2014/03/09/depeche-mode-forever/
Merci à tous pour vos commentaires ! DM power forever 🙂
J’ai 48 ans et j’ai vu D.M. jouer live par 4 fois dans cette bonne vieille Halle Tony Garnier de Lyon, et à chaque fois, cela a été un moment d’enchantement unique… Voir ses idoles devant soi et réaliser que tu pourrais les toucher, car à ce moment-là se joue une communion inouïe entre elles et soi… C’est toujours à peine croyable et de surcroît, lorsque vous avez bu plus que de raison à la Brasserie Debourg, vous enivrant de quatre ou cinq pintes d ‘une succulente bière pression, en attendant le grand moment de l’attente, faisant la queue au milieu de personnes qui finalement, et malgré les apparences trompeuses, te ressemblent. Et tout cela dans la plus grande solitude d’un après-midi lyonnais d’hiver où le soleil se montre généreux et radieux, et cela pour ton plus grand plaisir, plaisir de l’éphémère, d’un moment de sérénité enfin retrouvée.