ONE HOUR BEFORE THE TRIP Boarding Pass

Dans ce monde où écouter les infos a de quoi faire déprimer un troupeau de madones pour le restant de ses jours, et où la vie se régale à nous apporter son lot de bâtons-dans-les-roues, se réjouir de gestes délicats et de bonheurs simples est salutaire. C’est en tout cas un de mes mantras. Cela me vaut parfois la moquerie de certains. Car oui, quand une chose me plaît, qu’il s’agisse de grande ou de petite chose (un gentil message, un beau concert, un nouveau groupe de musique talentueux, un livre intéressant, une bonne part de cheesecake…), j’aime la savourer jusqu’à la moëlle, j’aime m’en réjouir plus que d’ordinaire, j’aime la partager avec enthousiasme. A grands renforts de superlatifs grandiloquents et de symboles « coeur ».

Aux yeux de certains, je passe en cela souvent pour une nunuche exaltée, une frivole qui donne de sa vie l’image d’un monde de Bisounours. N’en déplaise aux grincheux et autres adeptes de la retenue tiède et du « non-engouement », mais j’ai beau avoir 36 ans, la vie m’a déjà suffisamment malmenée pour que je sois bien consciente que nous ne vivons pas dans le monde des Bisounours, et pour autant, j’aime répandre chaque fois que je le peux de la bienveillance, des mots doux et enjoués, et des « coeurs », des multitudes de « coeurs », sur le monde qui m’entoure. C’est comme ça. Je veux bien passer pour une nunuche exaltée si c’est le prix à payer. Qu’on se le dise.

Ainsi, quand j’ai reçu le colis de One Hour Before The Trip, venu tout droit d’Athènes, j’étais contente et j’ai répandu de la grandiloquence exaltée à foison. Je vais continuer à le faire dans cet article. Comme j’ai à coeur de toujours le faire sur ce blog en ne partageant que la musique et les artistes qui me touchent et dont j’ai envie de parler parce qu’ils rendent ma vie plus belle… et je l’espère la vôtre aussi, de temps en temps, au gré de partages musicaux.

One Hour Before The Trip est un groupe de post-rock grec dont le dernier album, paru en décembre 2015, aurait pu être très bien classé dans mon Top Post-Rock de fin d’année si je l’avais découvert avant. Mais comme il n’est jamais trop tard pour découvrir de la belle musique, voici une petite session de rattrapage pour ceux qui, comme moi, auraient manqué ce bel opus au moment de sa sortie.

Attention : « Boarding Pass » pourrait réussir la prouesse de vous faire danser sur du post-rock.

Formé en 2004 à Athènes, One Hour Before The Trip comptait à l’origine deux membres : un chanteur et un batteur. Au fil du temps et des rencontres, le groupe a perdu son chanteur, s’est étoffé d’autres musiciens, et a fait évoluer sa musique au gré des inspirations et d’un besoin constant de liberté, loin des codes de l’industrie musicale. Afin de pratiquer sa musique et d’expérimenter à loisir, le groupe a même par deux fois construit son propre studio (la preuve en images, ici).

Il y a quelques semaines, les membres de One Hour Before The Trip m’ont contactée pour me parler de leur musique et me proposer de m’envoyer leurs disques. Charmée dès la première écoute, j’ai tout de suite accepté avec joie. L’idée de recevoir un colis venu de Grèce, avec de la belle musique dedans, m’a redonné le sourire en ces temps de grisaille et de brutalité du monde.

Et comment ne pas fondre quand en ouvrant une grande enveloppe expédiée de loin, on trouve deux disques emballés avec soin dans un paquet personnalisé à la main et orné des noiraudes de ma mascotte « Mon Voisin Totoro » ? Moi, j’ai fondu totalement. Merci à One Hour Before The Trip d’avoir enchanté ma boîte à lettres avec le plus joli paquet jamais expédié pour Totoromoon.

« Boarding Pass » est le 4e album de One Hour Before The Trip. Un album à la croisée du rock et du post-rock, dont les mélodies savoureuses font chanter des morceaux sans voix. Ici, les guitares, tantôt éthérées, tantôt graves et puissantes, se marient aux percussions, aux violons, cuivres et claviers, mais aussi à quelques touches d’expérimentations électroniques. L’ensemble est fort d’une variété qui peut déconcerter à première écoute de l’album. Mais, au fil des écoutes successives, la variété se fait richesse et les univers de chacun des morceaux prennent tout leur sens les uns à côté des autres, dans un ensemble admirablement composé.

L’entrée dans le disque se fait en douceur avec les notes de piano du morceau qui a donné son nom à l’album, Boarding Pass. Le rythme ondule ensuite sur le jazzy Cinematic Countdown, puis accélère au gré des guitares métalliques et des variations mélodiques de l’explosif Interstellar Neighbourhood. Vient alors l’acmé du disque. Celle-ci prend forme dans l’enchaînement étonnant des deux morceaux suivants. Sans nul doute mes préférés de l’album. Happiness Is K, son piano délicat, ses guitares scintillantes, ses échos de violons, sa batterie tout en légèreté… six minutes d’un bonheur céleste à l’ampleur crescendo. Une montée en puissance qui porte son auditeur jusqu’au titre suivant, Izmir, qui réussira la prouesse de vous faire danser sur du post-rock dans votre salon. Ici, la guitare est grave et saturée, la mélodie merveilleusement travaillée et le rythme fort d’un irrésistible pouvoir addictif. Les deux derniers titres poursuivent sur la lancée de ces deux morceaux réussis. Les saturations de guitares n’en finissent plus sur The End Of The Stone, avant que le délicieux Hell In Mozart’s Home ne vienne clore le disque dans une apothéose en forme de slow original et foisonnant. Un régal.

« Boarding Pass » est un disque aussi riche qu’original et beau, à découvrir absolument.

One Hour Before The Trip prévoit pour la première fois une tournée en Europe cet hiver, mais en attendant, tous les albums sont disponibles en libre téléchargement sur le site du groupe. De beaux opus à savourer sans modération.

Pour découvrir l’album :

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Tracklist :

• Boarding Pass
• Cinematic Showdown
• Interstellar Neighbourhood
• Happiness Is K
• Izmir
• The End Of The Stone
• Hell In Mozart’s Home

Site web : http://www.ohbtt.gr/
Facebook : https://www.facebook.com/ohbtt

Totoromoon

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