Totoromoon fête aujourd’hui ses 4 ans. Le 16 octobre 2012, après avoir participé quelques temps à un webzine musical collaboratif, je décidais de créer un blog rien qu’à moi, et publiais ici mon premier article. Sous l’oeil bienveillant de ce cher Totoro, esprit des forêts et pourvoyeur des rêves, mon petit blog a grandi.
Je reçois à présent plusieurs dizaines de demandes de chroniques et de suggestions d’écoute chaque semaine. J’ai la chance d’avoir établi des partenariats avec des salles de concerts et avec de fantastiques labels (Moderna Records, Fluttery Records, Talitres, Pelagic Records…). Je suis heureuse de travailler avec plusieurs attachés de presse qui savent cibler la musique qu’ils m’envoient (je salue au passage Xavier qui a été le premier à m’accorder sa confiance). Et je suis surtout heureuse d’être de plus en plus régulièrement contactée par des lecteurs passionnés qui partagent avec moi leurs découvertes, et par des groupes talentueux qui me font confiance pour écouter et parler de leur musique. Je continue de choisir avec soin ce que j’ai envie de partager avec vous, qu’on me l’ait envoyé ou non, et d’écrire avec le coeur, car c’est selon moi la meilleure manière qui soit pour parler d’un art qui touche autant à la sensibilité et aux émotions.
En ce jour particulier où Totoromoon fête ses 4 ans, je veux vous remercier, tous et chacun, d’être fidèles à ce petit blog, de contribuer à le faire grandir chaque jour, et d’emplir mon quotidien de douceur. J’espère toujours contribuer modestement à illuminer le vôtre, au gré de jolies découvertes musicales.
Pour célébrer l’événement, et comme un clin d’oeil du calendrier, un merveilleux album vient de voir le jour. Un album qui, dès la première écoute, est monté directement se positionner tout en haut de mon top des meilleures sorties musicales de l’année.
« Requiem For Hell », nouvel opus des post-rockeurs japonais de Mono, est pour moi un véritable coup de foudre musical comme il en arrive peu. Et j’espère que vous l’aimerez autant que je l’aime.
Plus les années passent, et plus j’aime Mono. En 15 ans de carrière, les prolifiques post-rockeurs japonais ont donné naissance à tellement de beautés que j’éprouve une forme de reconnaissance musicale sans borne à leur égard. Je ne me lasse pas d’écouter, ré-écouter, et écouter encore les merveilles qu’ils ont composées. Leurs disques m’accompagnent depuis si longtemps, ils ont traversé avec moi tant de tempêtes et m’ont sauvée de tant de naufrages que leur place dans mon coeur n’a cessé de grandir avec le temps.
Parmi eux, il y a eu l’époustouflant « One Step More And You Die », le sublime « Hymn To The Immortal Wind »… et désormais, il y a « Requiem For Hell ». Un album qui, en intégrant ma discothèque, en a changé la face à jamais. Certains diront que je m’emballe et que cet album ne révolutionne pas la musique et encore moins le post-rock. Mais un album aussi magistralement abouti, qui déclenche dès la première écoute des émotions aussi fortes, et qui est aussi parfait dans ses orchestrations que dans sa cohérence, sans perdre de sa spontanéité et de sa sensibilité, est pour moi un nouveau chef d’oeuvre du genre.
« Requiem For Hell », illustré d’une gravure réalisée par Gustave Doré pour « La Divine Comédie » de Dante, suit le chemin des trois cantiques, de l’Enfer au Purgatoire, du Purgatoire au Paradis. Ecrit dans son intégralité par le guitariste du groupe, Takaakira « Taka » Goto, et masterisé par Bob Weston, l’album voit le retour du producteur Steve Albini, absent depuis le sensationnel « Hymn To The Immortal Wind », paru en 2009. Celui-ci a produit, enregistré et mixé l’album à Chicago, après avoir partagé avec son groupe Shellac l’affiche de la dernière tournée de Mono. Une belle collaboration qui se ressent dans l’aboutissement de cet opus. Un opus captivant et savoureux en toutes circonstances. Déjà éprouvé maintes fois dans mon baladeur MP3, me faisant venir les larmes aux yeux à chaque écoute… Yeux ouverts ou yeux fermés, après avoir hanté mes journées, il a hanté mes nuits. Certains passages mélodiques sont en effet si saisissants qu’ils sont restés accrochés à mes rêves. Magiques.
Entre cieux éthérés et ombres menaçantes, on retrouve ici le savoir-faire inégalé de Mono. La réintroduction des cordes offre à l’album une palette sonore plus ample et colorée que jamais. Sans jamais perdre de son intensité, jouant des progressions et du jaillissement d’émotion avec brio, le disque déploie cinq morceaux harmonieusement construits. De l’Enfer au Paradis, dans la musique de Mono, il semble n’y avoir que quelques pas, et le groupe les met merveilleusement en musique.
Une guitare s’approche, au loin, déployant les premières notes de Death In Rebirth, ouverture de l’abum. Elle est éthérée puis grondante, bientôt rejointe par le tambourinement solennel d’une caisse-claire. Des cordes vibrantes se joignent au mouvement, et le volume sonore monte crescendo. Avant que les notes n’explosent dans une mélodie éclatante, pour finir leur course dans un mur de larsens sombres. Les violons, le clavier et le glockenspiel de Stellar viennent doucement répandre une vaporeuse brume de calme après la tempête.
Puis, sur la pointe des pieds, un instrument après l’autre, Requiem For Hell fait son entrée. Le morceau-titre de l’album, du haut de ses 17 minutes, est à mon sens une des pièces les plus fabuleuses composées ces dernières années. Entre scintillements lumineux et sombres saturations de guitares, entre légèreté du glockenspiel, envolées des cordes et puissance des percussions, il développe une mélodie aussi belle qu’obsédante. La progression se fait tout en majesté le long des neuf premières minutes, puis les instruments se taisent avant d’exploser de plus belle dans un déchaînement noir et terrifiant. Un ravissement qui parvient à faire jaillir des émotions d’une intensité bouleversante. Sensationnel.
Intime et délicat, Ely’s Heartbeat vient ensuite déployer ses sonorités religieuses. Un orgue résonne au loin, comme si un ange venait nous tirer des ténèbres. Le titre, joliment construit autour de l’enregistrement des battements de coeur d’un bébé à naître, porte l’apaisement sans faire perdre de son intensité à l’ensemble. Tout en profondeur et en sensibilité. Enfin, The Last Scene clôt l’opus dans un nuage de cordes aériennes et lumineuses, marquant en douceur et en majesté la fin du voyage. Dans une félicité céleste.
Les prestations live de Mono manquent souvent, à mon grand regret, de spontanéité et de chaleur. Mais je me dis qu’avec un nouvel album d’une telle beauté, leur prochaine tournée pourrait me surprendre…
Pour découvrir l’album :
Et la vidéo officielle de la deuxième partie du titre Requiem For Hell :
Tracklist :
- Death In Rebirth
- Stellar
- Requiem For Hell
- Ely’s Heartbeat
- The Last Scene
Site web : http://www.monoofjapan.com/en/
Bandcamp : https://monoofjapan.bandcamp.com/album/requiem-for-hell
Facebook : https://www.facebook.com/monoofjapan
Mono sur le site de Pelagic Records : http://pelagic-records.com/artist/mono/
Très belle journée à tous,
Eglantine / Totoromoon
Bon anniversaire PF!
Merci beaucoup cher Jacques !
Bon anniversaire et encore merci pour vos chroniques.
Merci Nicolas, et merci d’être un si fidèle lecteur de Totoromoon !
Un très bel anniversaire ! Excellent billet comme toujours ! Un bonheur de te lire. A bientôt !
Merci du fond du coeur Kam !
Super billet. Et oui clairement Mono fait partie de mon best pour le post-rock. La vidéo officielle est terrible, je vais encore passer pour un fou d’écouter ce genre de musique, on va encore me dire que c’est inécoutable une telle saturation qui ne ressemble à rien….Je suis content de ne pas être le seul à adorer ce genre ! cet LP s’annonce au mieux, je crois que je vais commander le CD ( le digital payant non merci) . Leur dernier LP last dawn – ray of darkness était je trouve un peu inférieurs à tous leurs précédents opus, super de retrouver Mono au top !
Merci beaucoup Emeric pour ta lecture et ce commentaire, et pardon d’avoir tardé à répondre. J’étais au concert de Mono à Bologne en Italie hier soir et ce fut une splendeur… J’y retourne mardi à Paris. Je te confirme que tu n’es pas le seul à aimer ce merveilleux genre qui n’a aucun égal en live je trouve. Je suis sûre que si le monde écoutait plus de musique aussi riche en émotions et aussi tournée vers le coeur et l’âme, il se porterait beaucoup mieux… Je te souhaite une très belle journée !