Il est des jours où ce que l’on tente de contrôler, là, au fond de soi, devient incontrôlable. Surgit. Déborde sans prévenir.
Où la bulle de calme, soigneusement construite, explose. Où le noir, tapi tout au fond, reprend ses droits. Submerge. Ravage tout.
Récemment, un de ces jours est revenu m’engloutir. Il m’a saisi les entrailles. Puis m’a parcouru l’échine et dévoré chaque parcelle de peau.
C’était un samedi. Un jour sensé être simple, reposant et beau. Mais ce jour-là, sans prévenir, le flot de ma noirceur est venu m’emporter.
Quelques jours plus tard, Peter m’a écrit. Il m’a dit : « Eglantine, je t’envoie la dernière sortie du label. C’est un album qui ne te plaira sûrement pas. Il est très mélodique et il ne crie pas, mais il est aussi très lourd et très rapide… » Cet album, c’est « Earthcult », par le trio russe TRNA. Estampillé de mille étiquettes faites pour me faire peur : black metal, post-black metal, blackgaze… Mais j’écoute, parce que j’aime beaucoup Elusive Sound, le label de Peter. Et parce que j’aime découvrir des groupes recommandés par d’autres.
Ce jour-là, un disque que j’aurais dû ne pas aimer est venu me frapper de plein fouet. J’y ai reconnu le noir tout au fond. Mon noir. Sa rage a parlé à la mienne. Et, à la faveur d’une magnifique catharsis, elle en a fait sortir une autre, expurgée de ses douleurs. Plus intense mais aussi plus nécessaire que jamais.
J’ai répondu à Peter que c’était incroyable mais que j’aimais ce disque. Que je l’aimais vraiment. Il était venu s’accorder avec une part de moi. Lui donner une forme. L’aider à s’exprimer. Et je lui en serai toujours reconnaissante, pour ça.
« Earthcult » est le troisième album de TRNA. Une guitare, une basse, une batterie. Quatre morceaux épiques. Soixante-cinq minutes de murs de sons sortis tout droit des entrailles de la terre. Là où se mêlent le black metal et le shoegaze, mais aussi des éléments de composition et d’atmosphère empruntés à un post-rock joliment intense.
Le groupe dit de cet album qu’il évoque le sentiment d’union entre l’homme et la nature. Un lien que nous perdons de vue en vivant dans des métropoles, en cherchant à socialiser sans cesse, et en oubliant qui nous sommes. Un lien que nous devrions désespérément essayer de rétablir.
Ici, il y a ce souffle stupéfiant que déploient les instruments, dans des vagues impétueuses où les sons semblent toujours à deux doigts de se noyer. Dans l’emballement de la batterie, dans la furie des guitares. Mais il y a aussi cette effluve éthérée, qui survole l’ensemble. Là où la mélodie s’extirpe des réverbérations de cordes, et vient chanter par-delà la tempête sonore. Ces contrastes font toute la force et la beauté de ce disque où la musique sait se faire aussi puissamment écrasante, que magnifiquement enveloppante. Superbe.
« Earthcult » est d’ores et déjà disponible au format numérique, il sera prochainement disponible au format vinyle chez Elusive Sound.
TRNA sera en concert à Strasbourg, au Mudd Club, le 12 avril. D’autres dates seront annoncées prochainement.
Pour découvrir l’album :
Tracklist :
- Earthcult
- Everywhere And Nowhere
- The Heart Of Time
- Thaw
Bandcamp : https://trnaband.bandcamp.com/album/earthcult
Facebook : https://www.facebook.com/trnaband
TRNA chez Elusive Sound : http://elusive-sound.com/artists/trna/
Eglantine / Totoromoon
J’aime beaucoup ! Merci !
Très heureuse que tu aimes ! Merci pour ce commentaire Nicolas 🙂