A 20 ans, j’apprenais que j’avais une maladie du coeur. A 40 ans, il y a quelques semaines, j’apprenais que j’avais une maladie du cerveau aussi. D’abord il y a l’inquiétude. Puis la colère et la rage. Puis la tristesse. Et enfin, la résilience. Telle est la vie. Une lutte incessante. Mais je l’aime malgré tout.
Souvent, je m’épuise à faire en sorte que le monde autour de moi soit tel que je le rêve. Souvent, je m’épuise à vouloir oublier les blessures. Souvent, je m’épuise à sourire pour cacher le noir tout au fond. Mais du fond des jours sombres et des nuits tristes, il est toujours un horizon où point la lumière. Il est là même quand, de mon coeur en morceaux et de mes yeux noirs, je ne le perçois plus. Et la musique finit toujours par m’aider à me le rappeler.
Après plusieurs semaines à regarder le plafond dans mon lit, sans être capable de faire autre chose que de laisser mon corps s’adapter aux traitements, j’ai décidé de reprendre la plume. Ce matin, je ne regarde plus le plafond, mais le ciel par la fenêtre de mon nouveau petit nid sur les toits de l’Opéra Bastille. J’ai coupé mes longs cheveux. J’écris en pyjama. Mais je suis là. Vivante et reconnaissante de l’être.
Hania Rani partage sa vie entre Varsovie et Berlin. Après de nombreuses et prestigieuses collaborations, la jeune artiste a donné le jour il y a quelques mois à son premier album de piano solo. Un album personnel et épuré, dans lequel elle confie se livrer tout entière. C’est avec lui que sa musique est entrée dans ma vie. Ses notes de piano délicates, sans aucun artifice, mues simplement d’une éblouissante sensibilité, m’ont accompagnée le longs de ces jours sombres et de ces nuits tristes, et m’ont aidée mieux qu’aucunes autres à retrouver le chemin de la lumière.
« Je pense que je suis la même en tant qu’artiste et en tant que personne. La musique est ma manière de communiquer, et je vois l’art et la musique dans leur ensemble, sans frontières, sans divisions, et même sans genres. » Ainsi Hania Rani présente-t-elle son amour inconditionnel de la création musicale. Alors qu’elle compose aussi bien pour les cordes et le piano que pour la voix et l’électronique, l’envie la saisit un jour d’explorer plus avant l’ensemble des possibilités harmoniques du piano et d’en interpréter les sons à sa propre manière. « Esja » naît de cette fascination pour un instrument riche de multiples facettes sonores, capable de s’adapter à tous les genres et à toutes les histoires.
Enregistré dans son appartement à Varsovie, et dans le studio de son ami Bergur Porisson à Reykjavik, « Esja » tire son nom d’une montagne du sud-ouest de l’Islande. On devine de majestueux paysages à la météo inconstante dans cette série de dix courtes pièces, en forme de petits tableaux faits de mélodies à la fois délicates, chaudes et colorées. Tout en sensibilité et en liberté, sans être une seule seconde dénué d’harmonie, l’album se déroule ainsi en modelant l’espace et le temps, au gré de lumières changeantes et de pensées inspirées. Superbe.
« Esja » est paru aux formats numérique, CD et vinyle chez Gondwana Records au printemps dernier, et je vous le recommande vivement. Hania Rani sera en concert ce jeudi à Paris, aux Trois Baudets. Une très belle soirée en perspective.
Pour découvrir « Esja » :
Tracklist :
- Eden
- Sun
- Hawaii Oslo
- Pour Trois
- Biesi
- Luka
- Glass
- Today It Came
- Esja
- Now, Run
Bandcamp : https://haniarani.bandcamp.com/
Facebook : https://www.facebook.com/haniaranimusic/
Hania Rani chez Gondwana Records : https://www.gondwanarecords.com/hania-rani
Eglantine / Totoromoon
Toujours touché par vos articles et encore plus par celui-ci. Laurent
Merci beaucoup Laurent pour ces mots, ils me touchent également.
De belles choses pour vous,
Eglantine
Tu nous as terriblement manqué ! Vivement les prochaines pépites !
Oh merci Sylvain ! A très bientôt ❤
❤️😘
❤
Courage à toi dans cette nouvelle épreuve.
Puisses-tu aller vers la guérison, avec ou sans musique.
Merci de tout coeur ❤
Oh mon dieu 😦 si je peux faire quoi que ce soit n’hésites surtout pas. Je souhaiterai t’inviter ici, je fabrique des pianos ici, à Budapest, ils sont unique au monde, des Una Corda ! Retourne faire une écoute sur mon soundcloud si tu veux une idée du son, et viens nous voir, c’est un lieu absolument extraordinaire… Tu es un personnage magique, Eglantine !
Avec ton mon amour et mon soutien.
Guillaume, Feather Drug.
Merci de tes mots et de ton invitation Guillaume, tu es un ange ❤
Je suis entrain d'écouter tes nouveaux morceaux sur Soundcloud… c'est si beau, un bonheur. Merci du fond du coeur,
Eglantine
Je n’ai pas de mots d’encouragements, tant ils paraissent vains. C’est la raison pour laquelle j’emprunte ceux d’un poète (Rumi) : « La blessure est l’endroit par lequel la lumière entre en toi ».
Kam.
Cher Kam, je ne sais pas pourquoi je ne découvre ce petit commentaire que ce soir… mais il me réchauffe le coeur. Merci beaucoup.
Belle soirée, à bientôt,
Eglantine
Merci pour ce beau texte, que je découvre avec retard, mais pas sans émotion. Avec la mélancolie brumeuse, répétitive et onirique d’Hania Rani ils ne laissent pas indemne dans cette soirée froide de l’hiver.
J’espère que vos toits sont toujours aussi beaux, que vos cheveux, votre cœur, le cerveau et le reste demeurent de doux compagnons. Que vous avez pu faire, continuer à fabriquer des phrases à votre image, avec tout ce silence de la musique d’Hania Rani.
Thomas
Merci pour ces mots, Thomas. Ils me touchent énormément.
Je vous souhaite toute la douceur et toutes les belles choses possibles au fil de ces soirées d’hiver,
Eglantine