J’ai commencé à travailler à 19 ans, à temps partiel pendant mes études, dans une petite maison d’édition, puis à temps plein, comme bibliothécaire, depuis quinze ans. Mais cet automne, pour raisons de santé, j’ai dû arrêter temporairement toutes mes activités. Aujourd’hui, cela fait plus de deux mois que je ne travaille plus. Et c’est la première fois. La première fois que je ne travaille plus pendant aussi longtemps. Récemment, un ami me demandait si je ne m’ennuyais pas, à être chez moi sans travailler depuis si longtemps. Mais non, je ne m’ennuie pas. Pas une seconde. Ce qui m’ennuie, c’est la maladie. C’est sentir mon corps m’échapper. Mais, dans nos sociétés où tout va de plus en plus vite, trop vite, où on nous demande sans cesse de raccourcir les délais, il est bon, parfois, de s’autoriser à prendre son temps. Et les longues heures que j’ai dû passer à regarder le plafond dans mon lit, pour laisser mon corps s’adapter aux traitements, me l’ont rappelé. Cesser de s’agiter dans tous les sens. Arrêter de se précipiter. Arrêter d’avoir le tournis. Se reconnecter à soi. Doucement.
Il est ainsi des disques dont la maturation est si longue que l’on désespère de savoir s’ils verront le jour… un jour. Le troisième album des Anglais de Codes In The Clouds est de ceux-là. Ecrit puis enregistré entre 2012 et 2015, il aura fallu patienter plus de trois années supplémentaires pour le voir paraître chez Hobbledehoy Records. Mais il est la preuve que prendre le temps de laisser mûrir les choses n’est jamais vain. Que la patience a toujours du bon. Car il est un enchantement à savourer. Doucement.
Chez Codes In The Clouds, on retrouve aux guitares et claviers deux musiciens chers à mon coeur, Pete Lambrou et Ciaran Morahan, dont le projet Vlmv n’en finit pas de me ravir depuis des années. Ceux-ci partagent ici l’affiche avec Stephen Peeling, Jack Major et Joe Power, à la basse, à la guitare et à la batterie.
C’est tout juste dix ans après sa naissance en 2009 que Codes In The Clouds révèle ce nouvel opus. Un opus qui porte son nom, et dont chaque membre s’est plus précisément concentré sur l’écriture d’une pièce particulière. Sans oublier la dynamique collective de création, chacune est ainsi porteuse d’une voix particulière, voix qui chante sans paroles, mue par les seuls sons des instruments. Si la singularité de chaque morceau est sensible, l’ensemble n’en demeure pas moins doté d’une belle harmonie, mariant le plus pur des post-rock atmosphériques et le sens du travail mélodique dont Codes In The Clouds a le secret.
En joie et en chagrin, en espoir et en mélancolie, en force et en délicatesse, « Codes In The Clouds » déploie ainsi sept pièces dont les subtilités et les reliefs se dessinent un peu plus à chaque écoute. A l’image de la très belle Sixes and Seventeens, délicieusement répétitive et addictive, l’ensemble se fait fort de porter de magnifiques émotions.
Codes In The Clouds et Vlmv seront en France pour trois concerts en 2020, dont une belle date à Paris le 22 février pour célébrer les dix ans du label Voice Of The Unheard Records. Une émouvante soirée en perspective.
A découvrir, la vidéo live de About Your Etiquette :
Et pour écouter l’album :
Tracklist :
- About Your Etiquette
- Sixes and Seventeens
- Communion
- A Different Take
- Tide Creeps Like a Thief
- Haldern, Early Hours
- The Trip
Bandcamp : https://codesintheclouds.bandcamp.com/
Facebook : https://www.facebook.com/codesintheclouds
Codes In The Clouds chez Hobbledehoy Records : https://hobbledehoyrecords.com/artists/codes-in-the-clouds/
Eglantine / Totoromoon
Une réflexion sur “CODES IN THE CLOUDS Codes In The Clouds”