BANTAM LYONS Mardell à Petit Bain

L’une de mes activités favorites, durant l’année et demie qui vient de s’écouler, a été de m’imaginer le moment où mes pieds fouleraient de nouveau le sol d’une salle de concert. Où mes tympans feraient le plein de décibels et où mon coeur battrait à tout berzingue. Où mes cheveux seraient moites de transpiration et mes yeux d’émotion.

Après de longs mois de frustration, c’est avec un plaisir non dissimulé que j’ai pu de nouveau surcharger mon agenda en le remplissant de toutes les annonces de concerts qui ont recommencé à tomber ici et là. Et parmi eux, l’un de ceux qui n’auraient pas pu me combler davantage : Bantam Lyons à Petit Bain. Soit le retour de celui qui n’est rien de moins que l’un de mes groupes préférés de France, dans l’un de mes lieux préférés de Paris.

Ce vendredi 8 octobre, mes tympans, mon coeur, mes cheveux et mes yeux privés de concerts pendant un temps qui m’a paru tout bonnement interminable, sont revenus à la vie de la plus belle des manières, grâce à ces Bretons venus embraser la cale d’une jolie barge de la capitale.

C’est aux Normands de Veik qu’est revenu d’ouvrir la soirée, et c’est à bonheur que j’ai découvert sur scène ce groupe que je ne connaissais pas encore. De son post-punk expérimental, prenant racine dans le krautrock et la no wave des années 70, le trio caennais captive d’emblée un auditoire attentif. Percussions et voix hypnotiques, basse intense, guitare abrasive, synthétiseurs agités et furieux, durant une heure d’expérimentations sonores à la fois bruitistes et admirablement construites, Veik convie à un voyage singulier dans un univers sombre, fascinant et audacieux.

« Surrounding Structures », premier album de Veik, est paru au printemps chez Fuzz Club Records, et je vous le recommande vivement.

Sans tambour ni trompettes, les Bantam Lyons, venus présenter en live leur nouvel album à paraître, investissent la scène quelques minutes plus tard. La formation bretonne a fait le voyage avec « Mardell » sous le bras, que les chanceux présents pourront donc se procurer en avant-première.

J’avais écrit, au moment de la sortie de « Melatonin Spree », que j’étais amoureuse des Bantam Lyons. Cinq ans plus tard, alors que « Mardell » tourne en boucle depuis plusieurs jours dans mon petit studio sous les toits, je peux sans ciller déclarer que cet amour n’a pas pris une ride. Au contraire, avec ces 8 nouveaux morceaux, le quintet breton vient, encore un peu plus, ensorceler mon coeur. De son rock fiévreux et obsédant, il continue de parvenir immanquablement à m’attraper les entrailles.

Il y a ces compositions directes et inspirées, qui savent prendre le temps de s’épanouir sans jamais cesser de captiver. Il y a cette voix profonde et posée, qui tout à coup s’emporte et s’enflamme. Il y a cette atmosphère, que le groupe n’a pas sa pareille pour électriser en live, dans des prestations débordant de vibrantes émotions.

Ces notes sensibles, ces textes affutés, cette voix habitée, qui viennent remuer quelque chose tout au fond.

Sur la scène de Petit Bain, les Bantam Lyons égrainent un à un les morceaux de « Mardell », dévoilés en intégralité quelques heures plus tôt chez Mowno, mais que je me réservais le plaisir de découvrir en direct, alors que Branque, premier single paru l’année dernière, m’obsédait déjà depuis de longs mois, mettant ma patience légendaire à rude épreuve. Le groupe n’en oublie pas pour autant les morceaux qui ont fait le succès de son précédent opus. Ainsi viennent résonner le virevoltant Away from the Bar, et le lent et poignant Leopard Print Wife-Beater.

A la faveur de refrains dans lesquels les voix se joignent en choeur, certains morceaux de « Mardell » se révèlent moins caverneux que ceux qui les ont précédés. Moins sombres, moins saturés, mais non moins dépourvus d’une très belle intensité. Si, sur le disque, des violons se joignent par endroits joliment à la danse, tel que sur le savoureux St-Dô, sur scène, chaque morceau prend une dimension particulière. A la fois plus enragée et plus tendre. Plus brute, plus habitée encore.

Sans fioritures, toutes guitares, nappes de claviers et envolées de batterie dehors, les sons frémissent et s’embrasent. Le chant se fait de plus en plus déchirant, jusque dans les derniers accords du long et sublime The Lass of Brecon, que le groupe termine a capella, laissant retomber l’orage sonore comme il laisse tomber ses guitares. Alors que les sons s’évanouissent dans un murmure, vient flotter dans l’air une délicieuse odeur douce-amère. Amère comme la bouffée d’une montée de mélancolie, douce comme l’espoir d’un horizon qui n’en finit pas.

Après une heure trente de set fort en émotions, c’est sur l’hypnotique Beds, que le quintet breton revient tirer sa révérence, pour le plus grand bonheur d’un Petit Bain comblé.

« Mardell » est disponible depuis le 15 octobre aux formats numérique, CD et vinyle via Music From The Masses et Gezellig Records.

Pour découvrir l’album :

Tracklist :

  • Christopher Champagne
  • Wilhelmine
  • Philatélie Frontale
  • Pintor
  • St Dô
  • Ar Stêr
  • Branque
  • The Lass of Brecon

Bandcamp : https://bantamlyons.bandcamp.com/
Facebook : https://www.facebook.com/BantamLyons

Eglantine / Totoromoon

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