
Il y a tout juste quatre ans, je tombais d’amour pour « Remedies », sixième album de Soup, projet fondé en 2004 à Trondheim par le chanteur et multi-instrumentiste norvégien Erlend Viken. De ses longues pièces de rock progressif mâtiné de post-rock, de ses envolées majestueuses et de ses arrangements aériens, « Remedies » était venu me saisir dès la première écoute, comme une évidence. Captivant sur disque, il était ensuite venu me bouleverser sur scène, lorsque je le découvrais en Belgique à l’occasion de l’édition 2018 du Dunk! Festival.
Quatre ans plus tard, Soup est de retour avec « Visions ». Inutile de décrire l’impatience avec laquelle j’attendais ce nouvel album, impatience agrémentée toujours de la petite crainte d’être déçue qui accompagne les grandes attentes. Impatience et crainte d’être déçue d’autant plus présentes que la formation annonçait cet opus comme celui qui serait le dernier de sa carrière.
Mais ici, point de déception. Je suis tombée d’amour pour « Visions » comme j’étais tombée d’amour pour « Remedies », dès les premières minutes d’écoute. Sourire aux lèvres et battements de coeur au zénith. Un album somptueux.
Je me souviens du soin avec lequel Soup déroulait sur scène le fil délicat de ses compositions, donnant vie à ses paysages sonores avec passion, transformant ses notes acoustiques éthérées en murs de son vibrants et puissants. Je me souviens de ces voix sensibles et poignantes survolant l’ensemble, lui conférant une forme d’aura romantique envoûtante à souhait.
Je retrouve cette passion sur « Visions ».
A l’instar de « Remedies », qui l’a précédé, « Visions » propose quatre longues pièces, à mi-chemin desquelles s’intercale un court intermède, fait de douceurs de piano et de nappes de synthétiseur. Telle une oeuvre d’envergure en deux parties, « Visions » se déploie de délicatesses intimes en envols solennels, à la faveur de mélodies ciselées, de voix éthérées et d’une riche instrumentation. Guitares, basses, claviers et percussions sont ici accompagnés des trompettes, flûtes et violons du Giant Sky Orchestra, ainsi que des sons délicieux d’un mellotron.
Fort à la fois d’une admirable technicité et d’une profonde sensibilité, jouant subtilement des ombres et des lumières, l’ensemble est à la fois enchanteur et chaleureux. Audacieux par endroits, voluptueux à d’autres, et toujours gracieux. Tandis que ses évanescences ouatées invitent à rêver éveillé, ses montées en puissance flamboyantes invitent à entrer dans la danse et à s’enflammer.
« Visions » prenant la forme d’un adieu, une liste d’émouvants et longs remerciements est donnée à lire sur le Bandcamp du groupe, des musiciens ayant participé au projet depuis ses débuts, à tous ceux qui l’ont soutenu, en passant par le magasin de musique local et la communauté de Trondheim. Puis, en forme d’épilogue, cette liste, émouvante elle-aussi, des causes politiques, économiques et sociales pour lesquels il milite :
« Non à la discrimination et au racisme
L’écologie avant l’économie, non au consumérisme en état de mort cérébrale
Non à l’élevage du saumon et à la pisciculture en enclos en filet ouvert
Oui au respect, à l’attention et à « chacun fait de son mieux »
Oui à la réutilisation et à la réparation
Non à la haine
Oui au papier et aux crayons, aux bâtons et à la créativité analogique
Non à l’ignorance
Oui à l’amour »
« Visions » est disponible depuis le 19 novembre aux formats numérique, CD et vinyle via GlassVille Records, et je vous le recommande absolument.
Pour découvrir l’album :
Tracklist :
- Burning Bridges
- Crystalline
- Skins Pt. 1
- Kingdom Of Color
- Skins Pt. 2-3
Site web : https://www.soupband.com/
Bandcamp : https://soupsound.bandcamp.com/
Facebook : https://www.facebook.com/soupsound
Eglantine / Totoromoon
Une réflexion sur “SOUP Visions”