SANCTUARY Sanctuary Vol. 1 & 2

On me dit que j’accorde trop d’importance à ma vie sentimentale. Que je ne devrais pas la laisser me malmener au gré de ses méandres comme je le fais. Mais l’amour ne devrait-il pas être ce qui fait tourner le monde ? Me voici donc entrain d’écrire mon dernier article de l’année, alors que mon coeur est une fois de plus tombé au fond d’un gouffre sombre. D’abord saisi par la sidération. Puis dévasté par le mariage amer de la colère, du chagrin et de l’incompréhension. Piétiné par la déception.

Je regarde les débris éparpillés au sol. Je me demande si je parviendrai à les ramasser encore. A me reconstruire encore. A retrouver la lumière encore.

Je me demande si le monstre qui m’a servi de père se réjouit, où qu’il soit, que sa prédiction se réalise. Celle qui disait que jamais je ne serai heureuse. Parce que, pauvre de moi, j’étais condamnée à faire toujours de mauvais choix.

J’écoute ce dernier disque que j’avais envie de partager avec mes lecteurs parce que je l’ai trouvé beau dès les premières notes. Je l’écoute, encore et encore. Je le laisse m’envelopper. Je me disais qu’il était parfait pour finir l’année. A présent je me dis qu’il est parfait tout court. Pour mon coeur et pour moi, là, et pour tous les jours. Ces jours à venir et que j’ai pour l’instant du mal à regarder. Parce que je n’arrive pas à voir plus loin que le bout de mes chaussures, là, la pierre du découragement dans le sternum et les yeux brouillés des larmes qui n’en finissent pas de me rouler sur les joues.

Collectif artistique basé à Los Angeles, Sanctuary donnait le jour au début de ce mois de décembre à son premier double EP. « Sanctuary Vol. 1 & 2 » réunit le compositeur colombien Jose Parody et les compositeurs de musique de film Grayson Sanders et Leviticus Penner, tous trois en quête de nouvelles explorations sonores. Douze courtes compositions orchestrales, survolées par endroits de choeurs enchanteurs, tantôt amples et épiques, tantôt intimes et contemplatives, faisant la part belle à ce que la musique néo-classique a de plus vibrant et émouvant. Tendresse parfaite pour finir cette année musicale en beauté, et venir recouvrir d’un lit de douceur ouatée le fond du gouffre dans lequel mon coeur est une fois de plus tombé.

Tandis que Jose Parody et Grayson Sanders s’associent dans « Sanctuary Vol. 1 », plus orchestral, Leviticus Penner se concentre sur « Sanctuary Vol. 2 », plus ambient. Tandis que cordes et orgues poignants et solennels se marient à des choeurs cristallins et à une voix voluptueuse dans le premier volume, enregistré en Islande et aux Etats-Unis, éléments électroniques envoûtants et expérimentations sonores organiques se déploient quant à eux dans le deuxième, inspiré par l’enfance du compositeur au coeur de la forêt tropicale du nord de la Colombie britannique.

Au loin planent les fantômes de Philip Glass, Max Richter ou encore Nils Frahm et Ólafur Arnalds, dans cette oeuvre riche et ambitieuse. Captivante dès les premières notes, elle est belle, habitée et bouleversante à la fois de douceur et d’intensité.

Ce double opus sera également assorti d’un court métrage réalisé par Elena Flores, talentueuse réalisatrice chilo-américaine, chargée pour le collectif d’imaginer à quoi ressemblerait un disque néo-classique s’il était visuellement situé dans un espace abstrait et contemporain.

« Sanctuary Vol.1 & 2 » est disponible depuis le 3 décembre via Safari Riot.

Pour le découvrir :

Tracklist :

Vol. 1 :