Totoromoon’s Top 2021

Des rêves par-delà les nuages, des moments de bonheur par milliers, de la douceur à foison, et de la musique dans le coeur. Et puis, aussi, le droit de se prendre dans les bras, de s’échanger des baisers et de se sourire pour de vrai… c’est ce que je souhaitais à chacune et chacun de vous l’année dernière, et c’est ce que je vous souhaite de nouveau, et plus que jamais, pour cette nouvelle année.

Merci d’être toujours plus nombreux à suivre Totoromoon, à l’aimer et à lui être fidèles depuis si longtemps. Merci de l’affection que vous continuez à me témoigner au fil des ans, et particulièrement en ces temps troublés. Ces temps où la musique sait se faire oxygène et refuge, et où la bienveillance, l’ouverture d’esprit, la curiosité et la gentillesse de lecteurs comme ceux que j’ai la chance d’avoir n’ont pas de prix. J’ai hâte de partager cette nouvelle année avec vous.

Voici les 30 albums que j’ai choisis parmi les nombreuses beautés musicales qui ont fait mon année 2021. Ils mêlent tous les genres à l’honneur chez Totoromoon, du post-rock au néo-classique en passant par la musique électronique, la musique expérimentale, le shoegaze, le post-metal, la folk et la cold wave. N’hésitez pas à me faire part des beautés qui ont fait la vôtre.

Très belle année 2022 à vous,

Eglantine

… … …

1. ALBUM DE L’ANNÉE : BRUIT ≤ « The Machine Is Burning And Know Everyone Knows It Could Happen Again » – France, post-rock (ma chronique ici) ♥
Née de la volonté de renouer avec un processus de création sans contraintes, la musique de BRUIT ≤ se situe là où post-rock, musique électronique et orchestrations néo-classiques font fi de leurs frontières pour se marier dans des pièces d’une incomparable richesse créative. Véritable laboratoire sonore, BRUIT ≤ s’affranchit à bonheur des barrières des genres. A la faveur de vagues sonores qui bercent puis bouleversent, « The Machine is burning and now everyone knows it could happen again » se déploie en majesté. D’un courant à l’autre. Classique, folk, rock, électronique. D’un instrument à l’autre. Guitare acoustique, guitare électrique, basse, violoncelle, violons, cuivres, percussions. D’un son à l’autre. Aérien, doux, caressant. Dense, vibrant, tonitruant. Mon album de l’année.

2. Bantam Lyons « Mardell » – France, rock / cold wave (ma chronique ici)
J’avais écrit, au moment de la sortie de « Melatonin Spree », que j’étais amoureuse des Bantam Lyons. Cette année, cinq ans plus tard, alors que « Mardell » a tourné en boucle dans mon petit studio sous les toits, je peux sans ciller déclarer que cet amour n’a pas pris une ride. Au contraire, avec ces huit nouveaux morceaux de rock fiévreux et obsédant, le quintet breton est venu, encore un peu plus, ensorceler mon coeur. Il y a ces compositions directes et inspirées, qui savent prendre le temps de s’épanouir sans jamais cesser de captiver. Il y a cette voix profonde et posée, qui tout à coup s’emporte et s’enflamme. Il y a cette atmosphère, que le groupe n’a pas sa pareille pour électriser en live, dans des prestations débordant de vibrantes émotions. Ces notes sensibles, ces textes affutés, cette voix habitée, qui viennent remuer quelque chose tout au fond. Nouvelle beauté signée Bantam Lyons.

3. Maybeshewill « No Feeling Is Final » – Angleterre, post-rock (ma chronique ici)
Formé en 2005 à Leicester, dissous à mon grand désarroi en 2016 après quatre albums et une poignée d’EP, puis brièvement reformé pour une date organisée par Robert Smith pour le Meltdown Festival en 2018, Maybeshewill n’était plus depuis plusieurs années. Contre toute attente, et pour ma plus grande joie, la formation britannique était de retour cette année avec un nouvel album. « No Feeling Is Final » ou l’opus de la renaissance, de l’engagement et de l’espoir, arrivé à point nommé en une fin d’automne pluvieux et toujours troublé. Vagues sonores saisissantes, progressions mélodiques émouvantes et contrastes énergiques et poignants, Maybeshewill n’en finit pas d’avoir à la fois le sens du drame et de la poésie, le long de ses dix titres déployés en harmonie. Un retour magistralement réussi.

4. A.A. Williams « Songs From Isolation » – Angleterre, rock / folk (ma chronique ici)
« Songs From Isolation », ce sont neuf chansons que la musicienne britannique A.A. Williams a reprises pendant le premier confinement. Neuf relectures de classiques du rock, des années 60 au début des années 2000, interprétées à l’aune de sa sensibilité et de son talent. De The Cure aux Smashing Pumpkins, en passant par Deftones, Nick Cave, The Moody Blues ou encore Nine Inch Nails. A la faveur d’interprétations lentes et dépouillées, elle en met en valeur les paroles, elle en magnifie l’intensité. Au gré d’accords détournés, elle en réinvente parfois même les mélodies, leur conférant un sens du drame inédit. De son piano, de sa guitare et de sa voix, avec juste ce qu’il faut de réverbe par endroits, elle donne à voir ces chansons sous un nouveau jour, ou plutôt, sous une nouvelle nuit. La nuit où se révèlent le mieux l’intimité, l’abandon et l’oubli. Superbe.

5. Sarah Neufeld « Detritus » – Canada, néo-classique (ma chronique ici)
Connue comme membre de Bell Orchestre et collaboratrice d’Arcade Fire, la compositrice et violoniste canadienne Sarah Neufeld mène également depuis plusieurs années une remarquable carrière solo. Remarquable, comme en témoigne « Detritus », ce troisième album paru cette année. Un album à la croisée du néo-classique et du post-rock, intimiste, sensible et éthéré. Et absolument renversant d’originalité, de modernité et de beauté. De l’élégant Stories, qui l’ouvre, au sensible Detritus, qui le clôt, les sept morceaux de l’album n’ont de cesse de mettre en lumière la virtuosité de la violoniste. Chacun, mu d’un raffinement pénétrant, navigue de l’inquiétude à l’apaisement, de la langueur à l’urgence, jouant de variations rythmiques et mélodiques, et de progressions à la fois subtiles et vibrantes d’intensité, pour conférer à l’ensemble un sens du drame de toute beauté.

6. Grandbrothers « All The Unknokwn » – Allemagne / Suisse, musique électronique (ma chronique ici)
Avec « All The Unknown » et ses nappes de piano mariant l’organique et l’électronique, Grandbrothers abandonne les restrictions qu’il s’était lui même imposé sur ses précédents opus et, s’aventurant plus loin, franchit un cap qui le mène tout droit à l’acmé de la beauté. Ici, Grandbrothers ne se limite ainsi pas à habiller l’ancien avec le nouveau, ou l’originel avec l’artificiel, mais transcende véritablement ses objets musicaux pour en faire des compositions d’une créativité, d’une beauté et d’une expressivité parfaites. Un très bel opus à savourer.

7. Soup « Visions » – Norvège, rock progressif / post-rock (ma chronique ici)
Il y a tout juste quatre ans, je tombais d’amour pour « Remedies », sixième album de Soup, projet fondé en 2004 à Trondheim par le chanteur et multi-instrumentiste norvégien Erlend Viken. De ses longues pièces de rock progressif mâtiné de post-rock, de ses envolées majestueuses et de ses arrangements aériens, « Remedies » était venu me saisir dès la première écoute, comme une évidence. Captivant sur disque, il était ensuite venu me bouleverser sur scène, lorsque je le découvrais en Belgique à l’occasion de l’édition 2018 du Dunk! Festival. Quatre ans plus tard, Soup est de retour avec « Visions ». Inutile de décrire l’impatience avec laquelle j’attendais ce nouvel album, impatience agrémentée toujours de la petite crainte d’être déçue qui accompagne les grandes attentes. Impatience et crainte d’être déçue d’autant plus présentes que la formation annonçait cet opus comme celui qui serait le dernier de sa carrière. Mais ici, point de déception. Je suis tombée d’amour pour « Visions » comme j’étais tombée d’amour pour « Remedies », dès les premières minutes d’écoute. Sourire aux lèvres et battements de coeur au zénith. Un album somptueux.

8. Godspeed You ! Black Emperor « G_d’s Pee At State End » – Québec, post-rock (ma chronique ici)
Enregistré en ces temps macabres où une pandémie met l’humanité sens dessus dessous depuis plus d’une année, « G_d’s Pee AT STATE’S END », septième album des légendaires Montréalais, fait une fois de plus s’élever sa musique sombre et dense sur les ruines d’un monde en perdition. Magnifique catharsis, elle est sensationnelle, furieuse, et furieusement belle. Mais, à l’image du réussi « Luciferian Towers » qui l’a précédé, ce nouvel opus se teinte d’un trait d’espoir relativement nouveau, venant magnifier l’ensemble avec talent. En accentuer, par contraste, l’obscurité, et en révéler l’intense beauté. Là où le chaos trouve paradoxalement son apogée dans le déploiement de la lumière inattendue qui vient tout à coup l’inonder. Brillant.

9. Mono « Pilgrimage Of The Soul » – Japon, post-rock (ma chronique ici)
Quelques mois après un sublime album live, et un peu plus de deux ans après un dixième album studio, Mono n’en finit pas d’enchanter le calendrier des sorties immanquables. Les légendes du post-rock japonais étaient ainsi de retour au début de l’automne avec « Pilgrimage Of The Soul », un onzième opus audacieux qui continue de les asseoir, 22 ans après leurs débuts et par la grâce d’un son devenu source d’inspiration pour tant d’autres, comme des ténors incontournables du genre. Un très bel album.

10. Laura Masotto « WE » – Italie, néo-classique (ma chronique ici)
« WE » est le nouvel album de la talentueuse violoniste italienne Laura Masotto. Il fait partie de ces albums à l’élégance et à la sensibilité incomparables, dont j’aime savourer chaque note, et chaque interstice entre les notes. De ces albums que j’aime écouter d’un trait sans en omettre un morceau ni une mesure. Puis réécouter d’un trait encore. Et encore. Car chacune de ses onze pièces, pourvoyeuse d’émotions livrées avec délicatesse, sait venir s’emparer de moi l’air de rien, et résonner chaque fois plus fort. Toujours et encore. A la fois vif, tendre et sensible, portant en lui les sens conflictuels de la nature humaine et ses mystères, « WE » se laisse savourer comme une évidence. Il enivre intensément, et délicatement.

11. BLAK « Ell Tall d’Escil·la » – Catalogne, post-rock / post-metal (ma chronique ici)
« Long, lent, répétitif, dépassé. Le post-rock est-il mort ? » Ainsi débute le texte introductif du nouvel album des Catalans de BLAK. Une accroche volontairement provocante que la formation catalane balaie d’un revers de main en donnant le jour à un opus plus intense, plus abouti et plus époustouflant que jamais. Un opus à la gloire d’un post-rock à la fois enchanteur et fiévreux, qui prouve que, grâce à des groupes aussi talentueux, le genre sait encore faire vibrer les corps et chavirer les coeurs. Et qu’il le fait de la manière la plus irrésistible et bouleversante qui soit. Avec « Ell Tall d’Escil·la », BLAK fait du noir une couleur et de la plongée dans les abîmes tourmentés de l’âme un délice, prouvant que sa musique sait mieux qu’aucune autre faire flamboyer l’obscurité.

12. Spoiwo « Martial Hearts » – Pologne, post-rock (ma chronique ici)
Que ce soit par son nom, par ses rythmes résolus ou par ses notes semblant figurer avec intensité tous les combats tenacement menés, « Martial Hearts », nouvel opus des Polonais de Spoiwo, est venu me frapper cette année de plein fouet. Dans le saisissement de son intrépide force de vie et de son ardente et vibrante beauté. Les mélodies tournoient sur elles-mêmes, les répétitions obsèdent, les rythmes cinglent ou s’alanguissent au gré de nuées sonores grondant en majesté ou s’élevant en légèreté, sans jamais perdre de leur irrésistible intensité. De toute sa substance, « Martial Hearts » palpite et frémit comme un coeur qui bat. Superbe.

13. Eydís Evensen « Bylur » – Islande, néo-classique (ma chronique ici)
La beauté qui élève, transporte et surpasse tout, c’est ce que j’ai ressenti dès la première écoute de « Bylur ». « Bylur », « les tempêtes ». « Bylur », le premier album de la jeune prodige Eydís Evensen. Et je n’ai jamais autant aimé mon hypersensibilité que par le pouvoir qu’elle a eu de me laisser immédiatement transporter par les tempêtes d’émotions nées des treize pièces de piano, de cordes et de cuivres de la pianiste et compositrice islandaise. Car, de bout en bout, « Bylur » est une splendeur. L’ensemble, riche de nuances et d’arrangements soignés, se déploie à la fois en douceur contemplative et en intense majesté. Mettant en notes de la manière la plus sensible, délicate et délicieuse qui soit à la fois la tourmente et la sérénité.

14. Echo Says Echo « Pause » – France, post-rock (ma chronique ici)
Mûri au fil des prestations live, « Pause » est un premier album construit pas à pas. Un premier album qui a pris le temps de grandir et de s’affirmer à mesure que se dessinaient plus précisément les contours de la personnalité musicale du quatuor parisien. Un premier album que j’ai été heureuse d’avoir la primeur de découvrir il y a quelques mois, et que j’ai été heureuse d’aimer, de sa magnifique pochette à ses cinq savoureux morceaux, à la hauteur de l’amour que j’ai depuis cinq ans pour les musiciens de ce beau projet. Un album à la fois atmosphérique et intense, inscrit dans la tradition d’un post-rock fait de longues plages où seules chantent les guitares et les percussions. Un album riche et émouvant, que je vous invite à découvrir absolument.

15. Current Joys « Voyager » – Etats-Unis, rock / shoegaze (ma chronique ici)
A la faveur de 16 pièces en forme de bijoux voyageurs, le cinquième opus de Current Joys est sans nul doute le plus riche et le plus abouti de sa belle discographie. Tantôt subtilement dépouillé, tantôt savamment orchestré, il porte une plainte qui n’engloutit jamais. La plainte d’un rock intime et fissuré qui parvient, irrésistiblement, à élever. Alors qu’aux guitares et aux percussions répondent çà et là un piano, des cordes et des cuivres, le voyage emprunte des chemins foisonnants et audacieux, ne cessant d’élargir l’horizon qui se dessine en toile de fond. Balades pop enchanteresses, envolées rock bouleversantes, Current Joys n’en finit pas de surprendre et de captiver. Dans l’immédiateté et la sincérité de l’émotion qu’elle déploie, chaque pièce vient ainsi saisir celui qui la découvre. Et c’est tout simplement magnifique.

16. Nordsind « Lys » – Danemark, post-rock / blackgaze (ma chronique ici)
La lumière dans tous ses sens et toutes ses formes, telle est la source d’inspiration du nouvel album de Nordsind. « Lys » ou la représentation sonore de la lumière. La lumière tamisée de la tristesse. La lumière éclatante de la joie. La lumière douce du calme. La lumière aveuglante de l’orage. De la tristesse à la joie, du calme à l’orage, ainsi se déploie la musique du duo danois. Elle le fait à la faveur de magnifiques pièces mariant post-rock et blackgaze, dans des cavalcades de sons et d’émotions aussi subtiles qu’intenses. C’est puissant, c’est élégant, et c’est à découvrir absolument.

17. Simon Leoza « Albatross » – Québec, néo-classique (ma chronique ici)
Il y a cinq ans, la musique de Simon P. Castonguay, alias Simon Leoza, entrait dans ma vie. Le jeune compositeur montréalais oeuvrait alors sous le pseudonyme de Tambour. Depuis cinq ans, il n’est pas une seule de ses créations que je n’ai pas aimée. Elles sont toutes venues me toucher au coeur et à l’âme. Dans le saisissement de leur beauté à la fois intime et foisonnante. Douces, sensibles et émouvantes. Cette année, après plusieurs EP savoureux et cinq ans d’explorations sonores et de travail minutieux, naissait « Albatross ». Un premier album à l’éblouissement raffiné, et l’une des plus belles réalisations néo-classiques de cette année.

18. Emma Ruth Rundle « Engine Of Hell » – Etats-Unis, rock / folk (ma chronique ici)
Il y a chez Emma Ruth Rundle ce mélange de force et de fragilité qui n’a pas peur de s’affirmer, et qui me parle au-delà de tout. Là où être résilient ne prive pas d’être sensible. Là où accepter de se mettre à nu, de se livrer tel que l’on est sans rien tenter d’enjoliver, n’est synonyme que de courage et de beauté. Le mois dernier, trois ans après le saisissant « On Dark Horses », la talentueuse musicienne était de retour avec un nouvel album. « Engine Of Hell » est l’illustration faite disque de ce que j’aime chez Emma Ruth Rundle. Il me la rappelle telle que je l’ai découverte sur scène il y a quelques années, seule avec sa guitare, émouvante et bouleversante de sensibilité. Par la grâce à la fois d’un minimalisme envoûtant, d’un lyrisme pénétrant, et d’une authenticité inégalée, il est tout en force et en fragilité. Et d’une incomparable beauté.

19. Francesca Guccione « Muqataea » – Italie, néo-classique (ma chronique ici)
Violoniste, chanteuse et compositrice sicilienne, Francesca Guccione donnait le jour au printemps à son premier album. Un premier album déjà merveilleusement abouti, inspiré et enchanteur, venu dès la première écoute me frapper au coeur. Ici, il y a ces froissements de cordes sur lesquels viennent se poser des rythmes audacieux et de vaporeuses nappes électroniques. Ici, il y a çà et là quelques souffles de voix empreints d’un envoûtant mystère. Ici, il y a aussi un piano, des synthétiseurs et des échantillons sonores de la ville et de la nature. Ici, chaque pièce a sa propre identité. Chacune vient répondre à la précédente, elle vient y affirmer sa singularité, tout en ne manquant jamais de s’y accorder harmonieusement. Un très bel album.

20. Mogwai « As The Love Continues » – Ecosse, post-rock (ma chronique ici)
Dixième album d’un groupe fort de vingt-cinq ans de carrière et d’une multitude de projets parallèles, « As The Love Continues » achève d’assoir Mogwai dans la cour des fondateurs. Ces fondateurs qui ont créé un son, un univers, une palette de formes et de couleurs. Piano délicat, guitares tantôt vibrantes tantôt rugissantes, beats électroniques, nappes de claviers synthétiques, vocodeur, la recette de Mogwai évolue sans évoluer vraiment. Le son est toujours soigneusement travaillé, l’univers toujours riche, l’intensité toujours dessinée en clair obscur. De To The Bin My Friend, Tonight We Vacate Earth, sa progression en tension et son motif rappelant le sublime Auto Rock, au mélancolique It’s What I Want To Do, Mum, l’heure de voyage sonore dans laquelle Mogwai embarque son auditoire se déploie sans fausse note, avec en son sein quelques perles absolues. 

21. Ô Lake « Gerry » – France, néo-classique (ma chronique ici)
C’est du bouleversant film de Gus Van Sant dont le talentueux compositeur Sylvain Texier, alias Ô Lake, a choisi de réinventer la bande son. Un beau défi relevé dans le cadre d’un ciné-concert pour Travelling, festival de cinéma rennais. Il l’a choisi pour l’immensité des possibilités musicales qu’il offrait, à la faveur de sa démarche artistique expérimentale, de l’étirement de ses plans, de la presque inexistence de ses dialogues. De ses silences laissant le champ libre à la contemplation et à l’imagination. Ô Lake s’est nourri de cette démarche artistique pour épouser à la perfection les intentions du réalisateur, et faire de cette nouvelle bande son une nouvelle beauté venant planer sur les images, les accompagner et les guider. Ode à l’amitié, au mystère et à l’évasion, jouant sur les notes et les espaces entre les notes. Les silences et les ambiances. Superbe.

22. Troy Von Balthazar « Courage, mon amour ! » – Etats-Unis / France, folk / pop (ma chronique ici)
Il y a quelques jours, le musicien américain, retranché depuis plusieurs années dans la campagne française, donnait naissance à un nouvel album. « Courage, mon amour ! » est une fois de plus la peinture d’un univers subtil et singulier. De lentes élégies en envolées délicatement élaborées, sans jamais de fioritures superflues, il est une âme superbement mise à nu. A la faveur de paysages sonores où se mêlent l’acoustique et l’électronique, il y déploie un univers aux contours enchanteurs, dans lequel les métaphores sont aussi exquises que les mélodies nées de la voix habitée qui les chante. Guitares épurées ou délicatement réverbérées, piano mélancolique et nappes éthérées de synthétiseurs enveloppent la prose aux mots minutieusement choisis de ce conteur aux magnifiques talents d’auteur.

23. Nordkapp « Spin » – France, post-rock / musique expérimentale (ma chronique ici)
C’est à Amiens, en 2012, que naît Nordkapp, sous l’impulsion du guitariste Paul Deligny. C’est à Paris, lors de ses études de musique, que ce dernier rencontre quelques temps plus tard celui qui deviendra le batteur de son projet, Constantin du Closel. De Godspeed You ! Black Emperor à Isis, les deux musiciens aiment le post-rock, le math-rock, la musique noise, la musique expérimentale et le post-metal. Au fil des ans, ils vont consolider leur cohésion, affiner leurs compositions par la scène et les répétitions, jusqu’à donner le jour cette année à « Spin », leur premier album. Un album qui a pris le temps qu’il fallait pour arriver à maturité, sans se précipiter. Sachant peaufiner ses détails, affirmer le caractère de ses sonorités. Un album qui, depuis sa sortie, n’en finit pas de me captiver.

24. Year Of No Light « Consolamentum » – France, post-metal (ma chronique ici)
Trois guitares, une basse, des claviers et deux batteries, telle est la recette du sextuor bordelais pour donner le jour à des morceaux qui s’appliquent à ne peindre que la nuit. Depuis 20 ans, Year Of No Light répand sur le monde le poids d’une musique sombre et dense. Et il le fait avec une ferveur qui ne faiblit pas, comme le prouve son dernier né, « Consolamentum ». Là où la lourdeur et la lenteur du sludge répond aux réverbérations atmosphériques du post-rock et aux effusions puissantes et saturées du shoegaze et du metal. De brumes sonores évanescentes et cristallines en murs de sons fracassants. Cinq morceaux pour près d’une heure de musique sans parole, faite de vagues sonores où se mêlent langueur et effroi. Cinq morceaux comme chemin de croix de la libération de la douleur. Cinq morceaux hypnotiques, graves et intenses qui, bien qu’ayant chacun leur identité, pourraient n’être qu’un, tant ils se déploient selon un cheminement harmonieux. Pièce en un seul acte où le temps qui s’étire importe peu. Magistrale envolée des âmes vers le royaume des cieux.

25. SaaR « Gods » – France, post-metal (ma chronique ici)
En quatre ans, à la faveur de nombreux concerts et de plusieurs changements de line up, la formation post-metal parisienne s’est appliquée à de nouvelles explorations sonores. Et, si son esprit est resté tel qu’en lui-même, féroce et habité, sa fougue et son travail sur le son ont encore gagné en maturité, comme en témoigne « Gods », son dernier né. SaaR dit souhaiter ici plonger l’auditeur « dans les abîmes insondables d’un monde abandonné des dieux ». Un monde ayant relégué l’homme « face à son propre reflet, dans sa futile quête de sens au sein du chaos de l’existence ». Nul besoin de paroles quand les instruments s’expriment avec tant de ferveur. Ce monde, le quatuor le peint dans le grondement des guitares et le déchaînement des percussions. Dans l’impétuosité des reliefs ciselés de ses morceaux. Dans le saisissement des silences et l’âpreté exquise des explosions, que SaaR maîtrise à la perfection.

26. Notre Dame de la Colline « Poèmes fous pour herbes fraîches » – France, post-rock / néo-classique (ma chronique ici)
Derrière Notre Dame de la Colline se cache Florian. Membre hyperactif de la scène musicale française, fondateur d’Anathème, organisateur de concerts et de festivals, créateur du collectif Founding Our Own Glorious Chapels et du label Wild Bless You ! Records, ce multi-instrumentiste lorrain donnait cette année naissance à son premier album solo. Un album à mi-chemin entre « Le Petit Prince » et les « Fables de La Fontaine », c’est ainsi que Florian présente « Poèmes fous pour herbes fraîches ». Un album pour petits et grands, qui échappe au temps, aux lieux et aux courants. Un album à écouter les yeux mi-clos, lorsque tombe la nuit, et lorsque le jour naît, aussi. La musique de Notre Dame de la Colline a la naïveté première de celle du conte. Cette naïveté qui donne corps à nos rêves d’enfants. Celle qui donne à croire que tout est possible. Elle en a aussi l’authenticité et la sincérité. Elle vient toucher droit au coeur. Illuminer l’obscurité, rassurer, apaiser. Et je ne peux que vous la recommander.

27. Almøst Silent « III » – France, post-rock / ambient (ma chronique ici)
La musique d’Almøst Silent est de celles qui sont venues me toucher à l’âme de la manière la plus douce et discrète qui soit. Sans que je puisse vraiment expliquer pourquoi. Plus ambient que ce que j’écoute d’habitude. Moins escarpée, moins acérée, mais capable d’atteindre de tels sommets d’apaisement qu’elle en devient irrésistible l’air de rien, et de plus en plus au fil du temps. « III », ce sont neuf pièces vaporeuses, délicates et riches de mille couleurs pastels, à l’image du superbe artwork de la pochette du disque. Elles ont la douceur de la soie et la fraîcheur du coton. Comme un secret qui serait dévoilé bribe par bribe, elles se révèlent un peu plus à chaque écoute. Se méritant patiemment. Le soin porté ici aux textures sonores est admirable. Chacune se déploie en harmonie, se superposant aux autres, ou leur répondant avec un naturel déconcertant. L’ensemble est drapé d’une douceur tendre et chaleureuse. Réconfortant à souhait. Et fort d’une irrésistible beauté.

28. When Waves Collide « Chasm » – France, post-rock (ma chronique ici)
Après un premier EP prometteur, les quatre jeunes musiciens de When Waves Collide dévoilaient cette année leur premier album. Depuis 2017, la formation parisienne oeuvre à déployer un post-rock fait de pièces instrumentales concises et accrocheuses. Et elle le fait avec un talent certain, comme le démontre « Chasm », un opus peignant l’histoire d’une civilisation au bord de l’effondrement de manière joliment intense et imagée. Ici, les guitares vibrent toujours avec précision, qu’elles tendent vers des cieux éthérés ou rugissent sur une terre faite de mille aspérités. La basse, dont j’aime la présence appuyée, est à la fois ronde et vive, fougueuse et chaloupée. La batterie livre quant à elle des rythmes aussi ardents que virevoltants. De The Fallen, son ouverture, à Stranding, qui le clôt, l’album est parcouru de nappes électroniques prenant de plus en plus d’ampleur à mesure qu’il est déployé. A la faveur d’une exécution énergique et parfaitement maîtrisée, l’ensemble emporte et transporte à souhait.

29. Ed Carlsen « Grains Of Gold » – Italie, néo-classique / musique électronique (ma chronique ici)
Ed Carlsen fait partie de ces artistes dont j’ai aimé suivre les premiers pas. Puis les suivants. Et ceux d’après encore. De ces artistes à la vie et à l’âme voyageuses et rêveuses, devenus experts dans l’art de marier en beauté la musique classique et la musique électronique, et qui ont su m’enchanter dès les premières notes de leurs explorations sonores sensibles et feutrées. Tendres et calmes. Intimes et raffinées. Apaisantes et apaisées. Telles sont les dix compositions de « Grains Of Fold », paru cette année. Piano feutré, cordes délicates, nappes de synthétiseurs éthérés et rythmes électroniques envoûtants se fondent et se confondent en harmonie, chaque pièce venant à la fois se détacher de la précédente et lui répondre, dans le flottement du rêve. L’ensemble est à la fois d’une extrême précision technique, et plein d’une beauté vaporeuse propice à la méditation. Un très bel album, source d’une magnifique sérénité.

30. Frise Lumière « Bisou Genou » – France, musique expérimenale (ma chronique ici)
Un homme. Une basse. Des images. De la poésie. Tel est Frise Lumière, projet intimiste du talentueux Ludovic Gerst. Ancien membre du groupe de post-rock Hush Frequency, et expert dans l’art du clair-obscur audacieux, le musicien met ici son savoir-faire au service d’expérimentations sonores à la fois surprenantes et captivantes. Oeuvrant depuis 2018 à la recherche d’une épuration instrumentale poussée à l’extrême, il donnait le jour cette année à « Bisou Genou », son premier album. Un album où le minimalisme de la musique fait se heurter, dans un fracas paradoxal, tendresse et violence. Là où la douceur d’un bisou déposé sur le genou blessé d’un enfant, répond à la brutalité féroce d’un coup de genou dans les gencives. Tirant son essence des harmonies mélodiques, rythmiques et percussives auxquelles donne vie une simple basse, le musicien fait ici résonner et danser son instrument et son talent.

Mention spéciale live : Alex Henry Foster & The Long Shadows « Standing Under Bright Lights » – Québec, post-rock / spoken word (ma chronique ici)
« Standing Under Bright Lights » est la captation du concert exceptionnel donné par Alex Henry Foster en hommage à son père disparu, joué à guichet fermé à Montréal le 7 juillet 2019, et pour lequel l’artiste s’est entouré de pas moins de dix musiciens. Là où, le long de plus de 2h épiques mêlant musique, éclairages et images, un drame personnel résonne de manière universelle dans la communion d’un artiste, de ses musiciens et de son public. Là où se trouve la lumière de la scène au bout du long tunnel du deuil. Là où la musique illumine doucement les ombres et apprivoise subtilement les fantômes. De la manière la plus authentique, vibrante et poignante qui soit.

Encore une très belle année 2022 à chacune et chacun de vous,

Eglantine / Totoromoon

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