
Alors que leur premier album fête cette année ses dix ans, les post-rockeurs parisiens de Lost In Kiev sont de retour cet automne avec un quatrième opus. Si, dans « Rupture », le quatuor met en musique de la plus saisissante des manières les sujets écologiques et sociétaux qui le touchent, il y affirme également une personnalité musicale minutieusement forgée avec les années. Là où les âmes de nombreuses et savoureuses influences telles que celles de Mogwai, 65daysofstatic, Maybeshewill ou encore PG. Lost et This Will Destroy You sont habilement convoquées pour donner le jour à des pièces aux sonorités à la singularité de plus en plus affirmée. Sonorités elles-mêmes magnifiées par un enregistrement live réalisé dans le prestigieux studio lavallois d’Amaury Sauvé, conférant à « Rupture » une forme d’authenticité jusqu’alors inégalée dans la discographie du groupe.
C’est du point de rupture entre la civilisation moderne et la vie naturelle que « Rupture » tire son nom. S’inspirant notamment de la philosophie de Glenn Albrecht, Lost In Kiev déploie ainsi neuf morceaux aux titres évocateurs, peignant avec force à la fois les dangers liés aux changements environnementaux, et les angoisses qu’ils peuvent faire naître.
We are living… We are dying… C’est sur un We Are en forme d’hommage à tous les êtres vivants sur terre que s’ouvre l’album. De post-rock aux sonorités électroniques aériennes en post-metal tonitruant, le titre se fait peinture vibrante des chemins sinueux et des tumultes d’une vie, rappelant à chacun qu’il est le fruit d’un équilibre délicat, qu’il semble indispensable d’oeuvrer à préserver.
Et ce sont ces chemins et tumultes que l’album s’ingénie de bout en bout à mettre en musique. Il le fait dans une cavalcade d’émotions que suscite avec brio chaque pièce instrumentale du disque, aux constructions aussi travaillées que ses sonorités, plus brutes, plus soignées et plus immédiatement captivantes que jamais.
Point d’orgue de l’ensemble, le beau Solastalgia, premier single dévoilé quelques mois avant la sortie de « Rupture ». Figurant à une place pivot au coeur de l’album, Solastalgia met des notes sur la solastalgie, ce stress pré-traumatique causé par la perception de changements irréversibles dans l’environnement, venant submerger les êtres se sentant impuissants face aux évolutions d’un monde qui semble s’autodétruire. Une pièce magnifiquement construite et habitée, où guitares aériennes et rythmes enlevés portent des mélodies mélancoliques à souhait.
Si je suis moins réceptive à l’unique pièce chantée du disque, Prison Of Mind, pour laquelle le quatuor a invité Loïc Rossetti de The Ocean, j’apprécie en revanche l’incursion inattendue d’un vocodeur sur l’audacieux Dichotomy, dont la saveur froide rappelle avec justesse la corde raide sur laquelle se trouve l’humanité face aux bouleversements qu’elle connaît, et le sursaut de conscience dont il semble essentiel qu’elle se saisisse, et que le dynamisme de compositions allant de clartés en distorsions façonne à la perfection.
C’est sur son morceau titre et dans un délicieux nuage de guitares que s’évapore « Rupture », laissant dans son sillage un flot de puissantes émotions. Un très bel album.
« Rupture » est disponible depuis le 21 octobre aux formats numérique, CD & vinyle via Pelagic Records.
Pour découvrir l’album :
Tracklist :
- We Are
- Prison Of Mind
- Squaring The Circle
- Another End Is Possible
- But You Don’t Care
- Solastalgia
- Digital Flesh
- Dichotomy
- Rupture
Bandcamp : https://lostinkiev.bandcamp.com/
Facebook : https://www.facebook.com/lostinkiev
Lost In Kiev chez Pelagic Records : https://pelagic-records.com/artist/lost-in-kiev/
Eglantine / Totoromoon

Une réflexion sur “LOST IN KIEV Rupture”