
Je me souviens mon premier concert de Jean Jean. C’était à Petit Bain, en première partie des Américains de Caspian. C’était explosif et endiablé. C’était le premier d’une longue lignée.
C’était le math rock dynamité. C’était la joie de vivre communicative. C’était la catharsis, et la sensation jubilatoire d’extrême liberté.
Avec « Froidepierre », paru il y a quatre ans, Jean Jean avait pris une nouvelle route. Plus brumeuse, plus abrupte, plus ambitieuse. Il l’avait fait tel l’as du volant qu’il est. Avec talent. Sébastien Torregrossa et Edouard Lebrun y avaient été rejoints par Gregory Hoepffner, ajoutant basse et machines au duo guitare batterie du groupe. Portant toujours l’amitié en étendard, traversant ensemble les épreuves, déménagements et confinements, le trio s’enfonce encore plus avant sur cette nouvelle route avec « Fog Infinite », paru il y a quelques jours. De son électro à la fois virevoltante et merveilleusement habitée, toujours teintée de ses complexes rythmiques originelles faisant à la fois vibrer l’échine et voyager, Jean Jean poursuit sa quête de singularité.
Mixé par Carpenter Brut et Fabien Devaux, masterisé par Maurizio Baggio, et illustré du bel artwork réalisé par Gregory Hoepffner, « Fog Infinite » vient saisir et captiver. Ici, Jean Jean explore une nouvelle manière de composer, avec pour point de départ un ordinateur, et de multiples lieux de composition et d’inspiration, d’une péniche sur la Seine à un beau studio d’enregistrement vintage, de la Suède aux contreforts des Alpes.
A la fois tendus vers l’universel et vivement personnels, les neuf morceaux de ce nouvel opus font écho à une expérience vécue du groupe. Prey / Trigger, premier single dévoilé il y a quelques mois, rappelle ainsi de ses embardées frénétiques le moment dramatique où les trois musiciens, alors à San Antonio, se faisaient poursuivre par un forcené avec une arme à feu. Concord Lights, hommage à leurs longues échappées nocturnes d’autrefois, a pour toile de fond le vaste parking d’un restaurant chinois. Il s’appelle Le Dragon d’Or, il y sert un buffet à volonté sous de larges néons. Sept Sorts, voyage onirique et cinématographique, évoque les moments passés à rêver de s’évader de la banlieue d’où ils viennent. Oscillant de mélancolie en explosion avant de finir figé dans le temps, emprisonné dans une grise réalité.
De Vertical Grey, son ouverture faite de notes synthétiques montant en intensité, à Hyperlapse, sa clôture aux contours flous finissant par s’électriser et s’emballer à souhait, « Fog Infinite » peint une atmosphère remplie d’une énergie bouillonnante, qui inquiète autant qu’elle enchante. Là où une forme d’hypnose produite par une musique à l’écriture plus complexe et précise encore qu’autrefois, et à l’exécution sans faille, donne paradoxalement envie de danser. Façonnée par cet irrépressible fantasme d’évasion, la transe n’est ainsi jamais loin. Rythmes et guitare en tension, boucles, décrochements et réverbérations, montées intensément chaloupées, tout concourt à une sensation de course folle hors de soi et du monde, transportant au bord d’un précipice troublant.
« Fog Infinite » ou le retour plus jouissif et plus ambitieux que jamais de Jean Jean.
« Fog Infinite » est disponible depuis le 11 novembre aux formats numérique, CD et vinyle via Black Basset Records et A Tant Rêver Du Roi. La release party de l’album aura lieu ce vendredi 2 décembre à Paris, sur la jolie barge de Petit Bain.
Pour le découvrir :
Tracklist :
- Vertical Grey
- Concord Lights
- House On Lies
- Sept Sorts
- Point De Fold
- iTen
- Prey / Trigger
- Dernier Sunset
- Hyperlapse
Site web : http://jeanjeanband.com
Bandcamp : https://jeanjean.bandcamp.com
Facebook : https://www.facebook.com/jeanjeanmusic
Eglantine / Totoromoon

Une réflexion sur “JEAN JEAN Fog Infinite”