
Le 16 octobre 2022, Totoromoon a eu 10 ans. Ce 25 novembre, j’ai eu la chance d’avoir carte blanche pour célébrer cet anniversaire à Paris, au Supersonic, entourée de passionnés de musique venus du monde entier pour fêter l’événement.
En attendant le petit film souvenir de la soirée, voici quelques mots de ma plume et quelques souvenirs illustrés par l’oeil sensible de ma photographe préférée, la talentueuse Lauriane Bieber.
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Après plusieurs mois de préparatifs aux méandres sinueux, arrivait enfin ce vendredi de novembre que j’attendais aussi anxieusement qu’impatiemment. Anxieusement, à cause des nombreux rebondissements organisationnels qui m’avaient valu bien des angoisses et des tristesses ces derniers mois. Impatiemment, à cause de la joie de pouvoir réunir pour la soirée tant d’artistes talentueux, et des passionnés de musique dont j’espérais qu’ils viennent nombreux.
Vêtue de ma plus belle robe à fleurs, j’arrivais au Supersonic en milieu d’après midi pour prendre possession des lieux et assister aux balances des trois groupes que j’avais eu le bonheur de programmer : Goodbye Meteor, MIME et Carmen Sea.
Quelques amis, qui m’avaient déjà soutenue dans les mois de préparation de la soirée, étaient venus de loin pour m’aider à faire en sorte qu’elle soit réussie jusqu’au bout.

En tant que grande gourmande, il était impensable pour moi qu’un anniversaire se passe sans gâteau. Et que le gâteau ne soit pas au chocolat. Pour régaler l’équipe du Supersonic et les artistes venus jouer, mon amie Maritza, de Mariposa Cake Design, avait donc préparé des bouchées salées et un gâteau tout chocolat, spécialement décoré du beau visuel de la soirée conçu par Florian Larrecq. D’après les sourires béats des intéressés au moment du repas, il y a fort à parier que je n’ai pas été la seule gourmande ravie de la dégustation.
Vous pouvez retrouver Maritza sur Instagram ici : https://www.instagram.com/mariposacakedesign/

Ce même Florian, artiste et ami aux multiples talents venu de Nancy pour l’événement, s’est ensuite attelé à l’installation du stand de merchandising, accompagné de Dominique et Sébastien, un de mes plus anciens couples d’amis, venus eux aussi de loin spécialement pour l’occasion en laissant par amitié pour moi leurs quatre enfants à la maison. Tous trois se sont appliqués avec soin à tenir toute la soirée le stand de merchandising de Totoromoon ainsi que les stands des groupes venus jouer.

Le stand s’est vite trouvé rempli des objets et packs « Sélection Totoromoon », que j’avais pris soin de préparer pour contribuer au financement de la soirée, grâce notamment à la générosité des envois de nombreux artistes chroniqués sur le blog depuis 10 ans. L’empaquetage avait été réalisé lors de plusieurs longues soirées d’automne, avec l’aide de mon amie Laetitia, experte ès-nouage de rubans et découpage de cartes de remerciements.

Quelques tote bags spécialement sérigraphiés à l’encre dorée en Lorraine pour les 10 ans de Totoromoon, par les bons soins de Florian et son ami Yann, ainsi que des packs « Sélection Totoromoon » et des calendriers de l’avent réalisés par mes soins, sont encore disponibles actuellement. N’hésitez pas à m’envoyer un petit message si vous souhaitez en acquérir.
Toutes les informations sont ici : https://totoromoon.wordpress.com/les-packs-et-objets-totoromoon/

Pendant ce temps à l’étage, je troquais ma robe à fleurs contre une tenue brodée de sequins aussi noirs que brillants, en me disant que l’anniversaire de Totoromoon méritait bien quelques scintillements. Puis, alors que les balances de Goodbye Meteor battaient leur plein, je répondais aux questions de la sympathique et dynamique équipe de Breakfast In Backstage, venue m’interviewer au sujet de Totoromoon et de la soirée.
L’interview est à retrouver ici : https://www.breakfastinbackstage.com/post/interview-eglantine-reymond-totoromoon-le-post-rock-est-un-langage-universel
Encore un grand merci à Kevin Letalleur et Alexis Perez pour ce bon moment partagé.

Et c’est fière comme Artaban, que je posais ensuite entourée des quatorze musiciens ayant accepté avec enthousiasme de venir jouer en l’honneur de Totoromoon lors de cette soirée chère à mon coeur. Ces musiciens de trois groupes que je trouve aussi merveilleux musicalement qu’humainement, et dont j’ai une admiration sans borne pour la gentillesse et le talent.
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Venu tout droit du nord de la Somme, c’est à Goodbye Meteor qu’il revenait d’ouvrir la soirée. Goodbye Meteor qui, à la faveur des vingt-et-une petites minutes d’un EP paru en février dernier, s’est immédiatement vu propulsé dans ma discothèque comme la révélation post-rock de l’année. Goodbye Meteor, ou la preuve que le post-rock made in France a encore de très beaux jours devant lui.
Tout juste rentré d’une semaine d’enregistrement de son nouvel album dans les studios belges du prestigieux label Dunk! Records, le quatuor présentait en exclusivité pour les 10 ans de Totoromoon plusieurs morceaux encore inédits. Des morceaux maîtrisant les codes du genre à la perfection, et dignes des plus illustres de leurs aînés.
J’avais déjà vu Goodbye Meteor à plusieurs reprises livrer sur scène son post-rock délicieusement immersif, et avais été impressionnée par la précision de son exécution et la qualité sonore de ses compositions, mais au Supersonic ce soir, la formation picarde a encore fait monter d’un cran la place de choix qu’elle occupe depuis quelques mois dans mon coeur.
De ses notes de guitares tout à la fois éthérées et ciselées, de sa basse vibrante et de sa batterie aussi habilement précise qu’intensément percutante, le quatuor peint des atmosphères immédiatement saisissantes, s’élevant aussi naturellement que fiévreusement vers les cieux. A la faveur de mélodies soignées, et d’envolées à la fois célestes et puissantes, il transporte les auditeurs, allant jusqu’à faire danser, au pied de la scène, les plus captivés.
Lorsque, sur le sublime A Way Out, s’élève la voix du guitariste, rejointe après quelques secondes par celles des trois autres musiciens, je sens quelques larmes me rouler doucement sur les joues. C’est la première fois que le quatuor s’essaie à chanter sur scène, et c’est une magnifique surprise. Ces délicates nappes de voix semblent entrer en suspension dans l’air. Elles sont justes, chaudes et merveilleusement habitées d’un espoir doux.
We have to find a way out… résonne ainsi longtemps dans l’atmosphère, jusqu’à l’apothéose finale du concert portée par celui qui sera sans conteste mon morceau favori de l’album à venir. Fort d’une structure à la progression impeccable, sinuant au gré de reliefs subtilement escarpés, et de sonorités de guitares rappelant les plus belles heures de Mono et Explosions In The Sky, le magnifique What We Are Here For enveloppe et emporte, venant étinceler puis éclater en beauté.
J’avais prédit que Goodbye Meteor saurait ouvrir la soirée avec brio. Non seulement, il ne m’a pas fait mentir, mais il a même surpassé toutes mes espérances. Superbe.





A écouter :
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Quelques minutes plus tard, c’est au tour des musiciens de MIME de prendre place sur scène. MIME ou mon coup de coeur de la scène parisienne depuis sa magistrale prestation lors de la première édition du Festival Post In Paris. Prestation qui reste encore à ce jour l’une de mes préférées de toutes les éditions du festival. MIME ou l’art de briller dans l’art du clair-obscur en majesté.
Comme Totoromoon, MIME fêtait cette année ses 10 ans. Pour l’occasion, le sextet parisien avait prévu un set spécialement conçu pour célébrer ce double anniversaire sur la scène du Supersonic avec panache. Et il l’a fait, pour mon plus grand bonheur, avec plus de ferveur et de talent que jamais.
Les trois guitares, dont aucune n’est superflue, font s’élever des lignes mélodiques en sensibilité, allant d’apaisements en furieux déchaînements, tandis que des nappes enveloppantes s’envolent du sampler, que la basse vient gronder et que la batterie scande des rythmes lents et lourds, venant vibrer dans une puissance toujours contrôlée. Derrière un voile trouble et troublant, la formation parisienne souffle le vent de la révolte au fil de longues pièces où affleure un fond de mélancolie désespérée, et où le repos n’est toujours que de courte durée. Elle sont aussi patiemment déployées que parfaitement exécutées. Aussi foisonnantes que poignantes. Sombres sans jamais oublier de laisser poindre un rai de lumière à travers l’obscurité. Et sans jamais oublier de faire rêver.
Et puis, quand résonne la voix samplée et les notes de Fresnel, mon morceau favori du groupe, je sens les larmes monter de nouveau. Elles le font doucement et irrésistiblement, par la grâce du final parfait d’un set aussi magnifiquement ardent qu’émouvant.





A écouter :
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Quelques instants avant la fin du concert, alors que je m’apprête à monter dire quelques mots sur scène, mon attention se porte sur le dessin en train d’être réalisé par Sylvain Cnudde. Talentueux dessinateur de musique vivante, dont j’admire le travail depuis longtemps, Sylvain Cnudde a eu la gentillesse de répondre à mon invitation à participer aux 10 ans de Totoromoon.
Durant chacun des concerts, il a ainsi dessiné puis peint en direct les musiciens. Il l’a fait comme à son habitude, avec une application et un talent impressionnants, et je l’en remercie encore vivement.



Vous pouvez retrouver l’intégralité de son travail ici : https://fr-fr.facebook.com/SylvainCnuddeArt/
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Un instant plus tard, me voici sur scène pour la première fois de ma vie. Si je suis blogueuse et pas youtubeuse, c’est que j’ai toujours été plus à l’aise pour écrire que pour parler. Je n’aime pas les discours et, d’une manière générale, j’aime mieux me cacher que mon montrer. Je me dis que c’est sûrement pour cette raison que j’aime tant le post-rock et ceux qui jouent de la musique en regardant leurs chaussures. C’est donc avec une immense appréhension que je me suis imposé à moi-même le défi de monter sur scène. Si je l’ai fait, c’est que Totoromoon n’aura pas tous les jours 10 ans, et que j’avais de nombreuses personnes à remercier.
Remercier toutes celles et tous ceux qui m’ont épaulée dans l’organisation de cette soirée. Remercier les nombreuses personnes présentes dans le public ce soir, dont certaines sont venues de très loin en France, en Europe et jusqu’aux Etats-Unis puisqu’un musicien du merveilleux groupe Glacier m’a fait l’honneur de venir assister à la soirée. Et vous remercier vous, qui me lisez, et qui aimez Totoromoon depuis 10 ans.


Encore merci aux musiciens de MIME de m’avoir aidée à affronter ma timidité pour monter sur scène.
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Alors qu’une longue file d’attente s’est entretemps formée devant l’entrée du Supersonic, c’est aux Parisiens de Carmen Sea qu’il revient de clôturer la soirée. Dans un style très différent des deux précédents, le quatuor, féru aussi bien de rock progressif, de noise, de post-rock, de metal et de musique industrielle, que de musique électronique et de musique classique, est de ceux qui ont, chevillée au corps, la passion de l’expérimentation. Il a ainsi l’art de créer des pièces fortes d’une très belle originalité et qui, aussi hardies qu’elles soient, ne manquent jamais de cohésion et d’harmonie.
Si j’avais aimé « Hiss », premier opus du groupe paru à l’automne dernier, c’est sur scène que la jeune formation parisienne s’était réellement révélée à moi. Lors d’un saisissant concert à L’International, puis d’une bouleversante performance à l’occasion de la dernière édition du Festival Post In Paris, auxquels j’avais eu la chance d’assister. Sur scène, soit là où le groupe sait transcender et magnifier ses morceaux mieux qu’aucun autre.
Mais ce soir, après seulement quelques mesures du virevoltant Frames, une corde du violon cède, obligeant les musiciens à s’arrêter durant quelques minutes. Pour autant, c’est sans faiblir qu’ils remontent ensuite sur scène pour reprendre le concert depuis le début.
Une fois de plus, investissant la scène avec passion, Carmen Sea livre au Supersonic un set exécuté avec une fougue enragée. Sur ses compositions instrumentales inclassables et impétueuses, portées par une guitare et une basse sachant se faire aussi délicates que furieuses, et par une batterie jouant à bonheur des contrastes, viennent planer les vibrations intenses du violon. Celui-ci oscille de douceurs en stridences, laissant apparaître un fond de rage doux-amer dans le tumulte des émotions nées de l’exaltation de l’instrument. De tensions en relâchements, l’ensemble est aussi dissonant qu’envoûtant, et léger que cinglant. Toujours surprenant, Carmen Sea captive jusqu’aux derniers instants, venant exploser dans un tourbillon grandiose d’intensité devant un auditoire déchaîné. Parfait éblouissement de fin de soirée.





A écouter :
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Un immense merci pour toutes les magnifiques photographies de la soirée à mon amie Lauriane Bieber, talentueuse photographe lauréate des Sony World Photography Awards 2021.
N’hésitez pas à aller visiter son site ici : https://laurianebieber.com/

Un immense merci également à toutes celles et tous ceux qui ont contribué à faire des 10 ans de Totoromoon une si merveilleuse soirée.
Et puis, bien sûr, encore un immense merci à chacune et chacun de vous, qui suivez, soutenez et aimez Totoromoon depuis 10 ans,
Eglantine

Une réflexion sur “Totoromoon a 10 ans : le live report ♥”