
C’est avec « Ophelia », voyage sonore donnant à voir les différents visages de l’humanité, que je découvrais Indignu en 2016. De son post-rock aux reliefs escarpés soigneusement drapés d’éléments néo-classiques, la formation portugaise, à l’époque déjà mère de trois albums, venait alors immédiatement m’envoûter. Deux ans plus tard, « Umbra », hommage aux victimes des incendies meurtriers ayant ravagé le sol portugais, revenait enchanter ma discothèque de ses saisissantes envolées instrumentales, parcourues pour la première fois de quelques voix.
Depuis, quatre années se sont écoulées. Quatre années troublées, durant lesquelles Indignu a eu à affronter, en plus du désordre mondial, le décès d’êtres chers et l’érosion d’amitiés. Ces épreuves, au travers desquelles se dessine le sentiment renforcé de la préciosité de la vie, Indignu les a mises en musique dans « Adeus ». « Adeus », ou l’adieu. L’adieu séparation radicale, l’adieu promesse de nouvelles rencontres ou de retrouvailles, tels sont les différents signifiants qu’ont choisi d’explorer ici les vétérans du post-rock portugais. Et ils le font, comme à leur habitude, de la plus merveilleusement imagée et sensible des manières.
Inspiré par la perte et la distance, mais fort du désir d’embrasser tout ce que la vie peut réserver, « Adeus » déploie cinq pièces en forme d’actes musicaux forts d’une très belle créativité, aussi captivants que variés. Une introduction immédiatement saisissante, a noturna, une conclusion émouvante, sempre que a partida vier, une transition feutrée de piano et de violon, em qualquer entranha, et deux beaux et longs développements allant de sonorités tamisées en envolées incandescentes, devolução da essência do ser et urge decifrar no céu.
Il y a toujours chez Indignu une forme de complexité née de la diversité des paysages sonores. Des guitares aux textures tantôt épaisses tantôt éthérées, des percussions tantôt puissantes tantôt discrètes, un violon tantôt plaintif tantôt doucement joyeux, des claviers tantôt nostalgiques et réverbérés, tantôt lumineux, organiques et soyeux. Puis, tout à coup, des voix s’élevant en choeurs fraternels et florissants. Pourtant, l’écoute se fait toujours fluide, l’ensemble, parfaitement exécuté, cheminant dans une harmonie limpide et heureuse.
L’équilibre délicat entre simplicité et grandiloquence, douce solennité et intense exaltation, est ici toujours habilement maîtrisé. « Adeus » vogue ainsi, avec une élégance sans faille, de douleurs passées en espoirs de lendemains apaisés. Superbe.
« Adeus » est disponible depuis le 4 novembre aux formats numérique et vinyle via Dunk! Records et A Thousand Arms.
Pour découvrir l’album :
Tracklist :
- a noturna
- devolução da essência do ser
- em qualquer entranha
- urge decifrar no céu
- sempre que a partida vier
Bandcamp : https://indignu.bandcamp.com/album/adeus
Facebook : https://www.facebook.com/indignu
« Adeus » chez Dunk! Records : https://dunkrecords.com/products/indignu-adeus-lp
« Adeus » chez A Thousand Arms : https://www.athousandarms.com/products/indignu-adeus-lp-pre-order
Eglantine / Totoromoon

Une réflexion sur “INDIGNU Adeus”