BRUIT ≤ Apologie du temps perdu, Vol. 1

Je ne suis pas particulièrement de celles qui aiment les surprises. J’aime bien les choses prévues à l’avance, organisées avec soin, dans lesquelles je peux déjà projeter du bonheur rien que d’y penser. Mais parfois, il y a des choses inattendues qui arrivent si à propos, et qui sont si réussies, qu’elles me réconcilient avec les surprises.

Ainsi, il y a quelques jours, les talentueux musiciens de BRUIT ≤ dévoilaient « Apologie du temps perdu, Vol. 1 », un EP surprise. Je me suis d’abord demandée si je n’avais pas laissé passer une information sur la venue au monde de ce disque. Au milieu du tourbillon de la vie, des messageries surchargées, des réseaux sociaux dans lesquels je tente tant bien que mal de ne pas me noyer, et du temps qui s’enfuit. Puis m’est arrivé un dossier de presse. Et j’ai compris que non, je n’avais pas laissé passer d’information. Ce disque était bien une surprise.

Projet atypique, volontairement tourné vers l’ambient, le néo-classique et la musique électronique, « Apologie du temps perdu, Vol. 1 » se veut interlude. Pause musicale entre deux albums, il montre BRUIT ≤ sous un nouveau jour. Ou plutôt, sous une nouvelle nuit. Ces nuits à l’abri de l’agitation et de la frénésie. Où tout semble s’épanouir au ralenti. Où il fait bon respirer lentement. Où les ombres et leurs mystères font se suspendre le temps quelques instants. Et il est à savourer intensément.

Après une année riche en émotions, passée à voyager à travers l’Europe pour présenter son premier album sur scène en repoussant sans cesse ses limites, le quatuor dit qu’il lui a semblé essentiel de trouver des moments pour s’arrêter, méditer, et prendre du recul. De ces méditations musicales sont nées les trois pièces de ce nouvel EP, conçu dans une volonté d’explorer librement l’idée de créer ce qu’il appelle « un refuge musical ».

Refuge musical, « Apologie du temps perdu » l’est bien. Mélangeant des techniques de production de tous âges, il semble une fois de plus défier les temps et les courants, comme BRUIT ≤ l’a toujours fait superbement.

La sagesse de nos aïeux a ainsi été composé sur papier, en hommage à la musique de nos ancêtres, puis enregistré et mixé sur un vieux magnétophone, dont la bande a été ralentie pour donner ce son lourd et grave qui vient frapper l’oreille et plonger dans le passé. Ici, les cordes vibrent dans de délicieuses sonorités d’autrefois, puis s’évanouissent pour laisser place à un sample de voix. Il vante les mérites d’une vie libre, vécue pleinement, dans laquelle il fait bon prendre et perdre son temps, rêver et se laisser aller.

Perdre son temps, c’est la plus merveilleuse façon de le gagner.

Vient ensuite Rêveur lucide, créé à partir d’une improvisation entre une guitare et une basse enregistrée sur une cassette des années 90, puis retravaillé avec des traitements contemporains. Il se déploie dans des nappes distordues de synthétiseurs rejointes à mi-parcours par un beat électronique et une batterie délicatement chaloupée. Mystérieux, et doucement majestueux.

Enfin, Les temps perdus, dont le groupe dit qu’il est une forme de synthèse des expérimentations des deux pièces qui le précèdent, est travaillée sur des partitions de synthétiseurs et de cordes, et des improvisations de piano, basse et batterie. Riche de textures sonores originales et soigneusement ouvragées, il vient clore le triptyque dans une envolée de subtile et sensible beauté. Un très bel opus. Une très belle surprise.

« Apologie du temps perdu, Vol. 1 » est disponible depuis le 27 janvier au format numérique à prix libre sur Bandcamp, ainsi qu’au format vinyle via Pelagic Records.

A découvrir, le court-métrage réalisé par Jeremie Brivet pour le titre Les temps perdus :

Pour découvrir l’EP :

Tracklist :

La sagesse de nos aïeux
Rêveur lucide
Les temps perdus

Et si vous n’aviez pas encore eu l’occasion de découvrir le single Parasite (The Boycott Manifesto), manifeste contre les plateformes de streaming, paru en décembre dernier, c’est là :