A l’occasion de son Drones World Tour, Muse était de retour dans la plus vaste des salles parisiennes pour six concerts affichant complets. Evidemment, je ne pouvais pas manquer ça.
Je sais que mon amour pour Muse est incompréhensible pour la plupart des lecteurs de ce blog, à commencer par mon lecteur numéro 1, celui qui partage ma vie et qui a toujours détesté Muse. Mais moi, j’aime Muse, depuis 1999 et la sortie de « Showbiz », je l’ai toujours aimé, et je l’aimerai toujours. Voilà, c’est dit. C’est comme ça.
Si vous voulez en comprendre le pourquoi du comment, vous pouvez relire mes articles à ce sujet ici (ma chronique de « The 2nd Law » et de leur concert à Bercy en 2012) ou là (ma chronique de leur dernier album « Drones »).
Bref, pour faire court : je suis une discrète qui aime rêver, pleurer devant des comédies romantiques, tricoter, jouer de la basse, écouter du post-rock… et qui aime Muse. Et je l’assume très bien. Voilà pourquoi vous aurez droit sur ce blog à mon live report grandiloquent de leur dernier passage grandiloquent à Paris. C’était cette semaine, et c’était grandiose. J’ai eu beau chercher un autre mot (que grandiose), il n’y en a pas. Car ça l’était vraiment.
On m’avait prévenue qu’il fallait du temps pour entrer dans le nouveau Bercy. Enfin, pardon, dans le nouveau Accor Hotels Arena (je ne ferai pas de commentaires sur le renommage de la salle) (enfin si, un petit commentaire tout de même : beurk). Mes comparses et moi sommes donc arrivées tôt, pour être sûres de ne pas manquer une miette de la soirée. Effectivement, les travaux à l’extérieur de l’espace ne sont pas finis, et il faut donc en faire le tour pour pouvoir entrer, par l’arrière de la salle, depuis le parc de Bercy. Mais le flot est fluide et l’ambiance enjouée. Et, après plusieurs fouilles minutieuses, nous entrons sans difficultés dans la salle. Nous sommes placées au balcon E, assez haut mais plutôt au centre et sur le côté… je pressens donc que la vue sera vertigineuse.
En arrivant au balcon, le choc me saisit. Je m’attendais, comme toujours avec Muse, à du spectaculaire. Mais je n’avais pas imaginé une telle mise en scène. Grandiose, je vous disais. Grandiose. Car la scène n’est autre qu’une sorte de drone géant, placé en plein centre de la fosse, et qui en recouvre une grande partie. La partie centrale est circulaire et pivotante, et deux ailes la prolongent, elles mêmes surmontées de deux autres scènes. Cette longue scène à 360 degrés permet à chaque spectateur d’être au plus près du groupe, où qu’il soit placé dans la salle. Au plafond sont disposées de grandes sphères transparentes, en forme d’yeux électroniques de drones. Des sphères qui ne sont suspendues à aucun fil et que je devine télécommandées. De véritables drones donc. Avant même que le concert n’aie commencé, la scénographie en accord parfait avec l’album est déjà épatante.
Après l’album concept, Muse offre à ses fans le show concept.
La première partie est assurée par les new yorkais de Phantogram. La voix féminine est belle, les rythmiques sont hypnotiques et le son excellent, l’ensemble forme une ouverture de soirée réussie.
Enfin, après une petite demi-heure d’entracte, le noir se fait et le show s’ouvre sur une intro instrumentale avant que ne résonnent les premiers rugissements de guitares de Psycho, premier single de « Drones ». A peine quelques minutes après le début du show, les drones géants descendent du plafond pour survoler le public. Translucides, ils virevoltent lentement dans les airs. Un ballet majestueux qui reviendra illuminer la soirée à plusieurs reprises. Je suis déjà conquise. J’adore.
Matthew Bellamy salue le public puis se déchaîne de son inimitable voix. Dominic Howard fait tonitruer sa batterie et Christopher Wolstenholme fait étinceler sa basse aux diodes lumineuses avec plus de virtuosité que jamais. Un quatrième musicien est au centre de la scène, en contrebas de la batterie, se chargeant des claviers et effets électroniques. Les titres s’enchaînent sans temps mort et la foule est en liesse, chantant même à tue-tête le superbe Plug In Baby que j’attendais. Le trio communique peu mais déploie une énergie remarquable, livrant une véritable performance. Matthew bondit d’un micro à l’autre, court et saute d’une extrémité à l’autre de la scène tandis que la partie centrale de celle-ci tourne lentement sur elle-même. Le son est puissant, très gras par moments mais toujours clair et justement dosé. A la fois rock et heavy.
Puis de longs voiles de tissu tombent du plafond et se répartissent de part et d’autre de la scène. Et le show visuel continue avec des projections d’images tantôt futuristes, tantôt apocalyptiques. Lorsque commence The Handler, mon morceau favori du dernier album, les deux guitaristes se transforment en marionnettes, tenues par les fils imaginaires de mains géantes projetées sur le tissu.
L’ambiance est électrique et de plus en plus survoltée quand arrivent les stridents Stockholm Syndrome et Supermassive Black Hole. Puis le fantastique piano de Matthew sort de terre et l’atmosphère s’apaise avec Prelude, avant de s’enflammer de nouveau sur le tubesque Starlight. D’énormes ballons noirs remplis de confettis surgissent alors dans la salle. Ils seront éclatés un à un par les manches des guitares des musiciens, répandant des nuages pailletés sur la scène.
Les effets lumineux sont aussi travaillés que le son. Un régal pour les oreilles et pour les yeux.
Je suis ravie ensuite d’entendre Citizen Erased, deuxième extrait d’ « Origin Of Symmetry » dont les 7 minutes m’enchantent. D’autant plus ravie qu’à l’issue de ce morceau que j’adore, Matthew s’éclipse pour laisser place au Munich Jam, duo batterie/basse de Dominic et Christopher. Déchaînés sur leurs instruments, ils sont sensationnels. Les échos de Madness résonnent ensuite, suivis du funk Undisclosed Desires.
Après l’intermède à la fois visuel et sonore de JFK, s’enchaînent le déjanté Reapers et ses impressionnants arpèges de guitare, puis les fameux Time Is Running Out et Uprising. Le trio est au sommet de son art et entraîne la foule. Là, ce sont 18 000 personnes les bras en l’air s’époumonant dans l’immense salle. On saute, on danse, on chante, on crie. Et ça fait du bien.
Vient alors le moment le plus inattendu de la soirée, et celui qui m’a finalement le plus épatée. Car quand j’ai découvert ce titre de 10 minutes qu’est The Globalist sur « Drones », jamais je n’aurais pensé que le groupe l’intégrerait à la setlist de sa tournée. Mais c’était sans compter sur l’audace de Muse. Une audace qui est venue magistralement clore cette première partie de set. De son introduction western à ses guitares furieuses en passant par ses douces notes de piano, de la tempête au calme, les émotions sont allées crescendo, avant de se poser sur les voix a capella de Drones. Des jets de confettis de toutes les couleurs sont alors projetés depuis la scène dans la salle, juste avant que n’explosent à leur tour des jets de longs serpentins sous les yeux ébahis du public. Superbe.
Quelques minutes de noir et de salves de cris plus tard, le groupe revenait sur scène pour deux ultimes titres. Mercy, dont les échos doucereux m’ont trotté plusieurs jours après le concert dans la tête, puis l’attendu et sublime Knights Of Cydonia et son ouverture à l’harmonica. Grandiose, je vous disais.
« Thank you Paris ! We love you ! » s’écrie Dominic tandis que chacun des musiciens salue longuement la foule, en se déplaçant d’une extrémité à l’autre de la longue scène. Thank you Muse, I love you too.
Ce 29 février, à Paris, Muse a offert à ses fans le show le plus époustouflant de sa carrière. Vingt ans de générosité live et de virtuosité. Un régal.
…
Setlist du concert, Accor Hotels Arena 29/02/2016 :
- Intro : Drones
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Psycho
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Dead Inside
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Plug In Baby (Extended outro)
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Supremacy
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The 2nd Law : Isolated System (Shortened)
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The Handler (Nirvana’s « Negative Creep » riff outro)
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Stockholm Syndrome (Rage Against The Machine’s « Township Rebellion » riff outro)
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Supermassive Black Hole (The Jimi Hendrix Experience’s « Voodoo Child » intro)
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Prelude
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Starlight
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Citizen Erased
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Munich Jam
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Madness
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Undisclosed Desires
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[JFK]
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Reapers
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Time Is Running Out
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Uprising (Extended outro)
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The Globalist
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Drones
Encore :
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Mercy
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Knights of Cydonia (Ennio Morricone’s « Man With a Harmonica » intro)
Et comme toujours, un peu de musique avec le morceau que je n’attendais pas, mais qui m’a le plus surprise et épatée pendant ce concert, puis la session batterie/basse de-la-mort-qui-tue :
The Globalist (live à Mexico, 2015) :
Munich Jam (live au Main Square Festival, 2015) :
Site officiel : http://muse.mu/
Totoromoon
Belle chronique ! Je ne connais pas Muse mais ton récit du concert m’a donné envie de faire l’effort de les découvrir ( on m’a offert deux CD de Muse il y a des années, ils sont toujours sous cellophane). Tu as bien raison d’assumer ta passion pour Muse, je me rappelle que lorsque j’étais ado ( il y a très très longmtemps) aux début des 70, j’´écoutais beaucoup avec mes amis de musique branchée, intello ( Soft Machine, Zappa,Mahavisnu Orchestra, Henry Cow, Van der Graff….), et il était de bon ton de dénigrer et de cracher sur Dark Side Of The Moon du Floyd ( le Floyd, le vrai c’était celui de Syd Barrett) qui représentait le summun de la compromission avec le SYSTEME et de la dérive du rock vers la musique buisiness. Problème : j’adorais ce disque ! de la première à la denière note. Je l’écoutait en boucle en cachette,mais je n’ausais pas l’assumer et continuais de le critiquer en public pour faire l’intello de service intéressant…bon aujourd’hui j’ai évolué heureusement et j’ose avouer qu’une de mes chansons préférées c’est ……. »Mon vieux » de Daniel Guichard cela m’arrive même de pleurer en l’écoutant ….Bon dimanche
Cher Jean-Claude, je suis fan de ton commentaire ! Un grand merci pour ce partage et ta sincérité. Continuons d’écouter ce qui nous touche et parle à nos coeurs, c’est le plus important. Très bon dimanche à toi.
Bravo Totoromoon pour cet article qui résume parfaitement ce que nous avons vécu lors de ce concert mémorable de Muse…
Merci beaucoup ! Très heureuse d’avoir pu partager ce moment avec vous.